9 octobre 2017

Nos Als perdent leur pari

Il n’y avait qu’une issue possible à ce match pour nos Alouettes. La victoire n’était pas souhaitable, elle était nécessaire. La troupe de Kavis Reed savait qu’elle devait tenter le tout pour le tout en ce lundi pluvieux à domicile. La pression en a certainement fait réagir plus d’un et le combat a été serré jusqu’au quatrième quart, mais, force est d’admettre que de jouer au rattrapage, même dans la LCF, c’est risqué. Et aujourd’hui, nos oiseaux ont perdu leur pari.

Or, dans la défaite comme dans la victoire, il y a de ces joueurs qui sortent du lot et dont les efforts méritent d’être soulignés.

DEUX MOTS : TYRELL SUTTON

Si on lui a souvent reproché de trouver son rythme trop tard dans le match, l’attaque montréalaise n’a pas tardé à soulever la foule du Stade Percival-Molson cet après-midi. Les premiers points – et sans contredit l’étoile du match – reviennent à notre pitbull de demi offensif, Tyrell Sutton, qui a mis les pieds dans la zone des buts après une course de 9 verges, seulement 2 minutes et demie après le botté d’envoi. Sutty, connu pour son intensité et son aversion pour les revers, a une fois de plus livré la marchandise en accumulant 139 verges par la course, 37 sur réception, 1 majeur et en nous offrant une des célébrations de touché les plus originales qu’on ait vue (oui, il a bel et bien nagé). La série offensive qui a permis au numéro 20 d’ouvrir la marque n’a duré que 39 secondes, mais c’était tout ce dont le porteur de ballon acharné avait besoin pour prouver qu’il n’était pas près de lâcher le morceau.


UNE PREMIÈRE DEMIE QUI DONNE ESPOIR

Le spectacle ne s’est toutefois pas arrêté là. La défense a à son tour montré ce qu’elle avait dans le ventre en freinant promptement le porteur C.J. Gable dans son élan. C’est Branden Dozier qui s’est lancé le premier pour forcer l’échappé et permettre à son coéquipier Brandon Stewart de récupérer le ballon, puis se frayer habilement un chemin – de 55 verges – jusqu’à dans la zone payante.

Après 4 minutes de jeu, la formation montréalaise menait 12 à 0, et il semblait évident qu’elle était prête à livrer sa bataille de la saison. Avec 5 minutes 47 à jouer au premier quart, Boris Bede a réussi son premier placement de la journée, donnant ainsi une avance – qu’on aurait pu croire confortable – de 15 points aux Als. Dans les jeux qui ont mené aux trois points de Bede – retour de botté de 40 verges de Stefan Logan, attrapé spectaculaire de T.J. Graham sur une passe de 12 verges de Willy, course effrénée de 17 verges de Sutton – la combattivité qu’on attendant de voir depuis un moment était du rendez-vous. Le ballon est toutefois resté dans le camp des Eskimos tout le reste du quart et, à la suite, d’une série offensive de plus de 5 minutes et demie, le porteur de ballon C.J. Gable, qui n’avait pas dit son dernier mot, a ouvert la marque pour son camp. C’était 15 à 7 après un premier quart particulièrement animé.

C’est justement cela le plus décevant et, sans aucun doute, le plus difficile à avaler pour les joueurs qui se donnent corps et âme sur le terrain : passer d’une avance de 15 points à une défaite qui brise tout espoir d’accéder aux éliminatoires.

Edmonton a démarré le deuxième quart en inscrivant trois points sur un botté de placement de Waters. Mais l’écart avait beau rétrécir, l’attaque montréalaise ne semblait pas vouloir ralentir. En réponse aux trois points de Waters, Boris Bede y est allé d’un botté de 31 verges après une série offensive de 2 minutes 33 secondes qui a donné lieu à une autre course impressionnante (de 41 verges cette fois-ci) de Tyrell Sutton. Or, Mike Reilly n’a pas de mis de temps à revenir de l’arrière avec une passe de touché à Gable, puis une autre de 29 verges à Zylstra. Deux touchés des Eskimos sans réplique et nos Alouettes avaient officiellement perdu l’avance.

Réussissant son troisième botté de placement du match, Bede a ramené le score à 21 à 23 tout de suite avant la pause.

TOURNÉS VERS L’AVENIR

Autant la première demie a été encourageante, autant la perte de vitesse a été difficile à regarder en fin de match. La foule qui a bravé la pluie a continué d’y croire tout au long du troisième quart, particulièrement lorsqu’à peine 5 minutes après le retour au jeu Brandon Stewart a réalisé l’interception du match. Or, mis à part un autre botté de placement de Bede qui a permis au corps montréalais de reprendre les devants momentanément, nos Als n’ont pas été en mesure d’ajouter plus de points au tableau. Leur élan s’est peu à peu estompé et, pour reprendre les mots de Kavis Reed, ils se sont vaincus eux-mêmes. « Nos adversaires ne nous battent pas, a-t-il dit. Nous nous battons nous-mêmes. »

La clé à compter de maintenant ? « Il faut commencer à penser à l’avenir tout de suite parce qu’il a commencé aujourd’hui, au moment où le temps s’est écoulé », affirme Reed. Et que pense-t-il des réactions de joueurs comme le grand John Bowman qui s’est effondré sur les lignes de côté après le match ? « Ça nous en prend plus des joueurs comme lui. Des gars passionnés qui brûlent d’envie de gagner. »

Si c’est ce que 2018 nous réserve, on a déjà hâte d’y arriver.