12 janvier 2018

Kahlil Carter sur son système FIFO et sa vision de la défense des Als

Le 3 janvier dernier, les Alouettes ont dévoilé leur équipe de coordonnateurs pour 2018. Parmi les nouveaux visages (ou plutôt familier dans ce cas-ci) qu’on verra sur les lignes de côté du corps montréalais cette année, il y a celui de Kahlil Carter. Après avoir passé trois saisons productives à Calgary comme entraîneur de la tertiaire, Carter effectue un retour à Montréal, où il a disputé un match de la Coupe Grey en 2008, pour prendre les rênes des troupes défensives avec le soutien de son mentor et conseiller Rich Stubler.

Fait intéressant : Le duo Stubler-Carter n’a jamais terminé une saison avant d’atteindre la finale de division.

Découvrez ce que notre nouveau coordonnateur défensif avait à dire sur les défis qui l’attendent.

1-Tu as passé quelques mois à Montréal en 2008 et as même participé à un match de la Coupe Grey avec l’équipe. Qu’est-ce que ça te fait de savoir que tu seras de retour ici bientôt ?

Je suis vraiment content! Surtout que je suis un Francophile! J’adore la ville de Montréal, la culture québécoise, les Québécois et je parle français. J’ai bien aimé le temps que j’ai passé avec l’équipe. Les gars avec qui j’ai joué faisaient partie des meilleurs de leur époque. Mon dernier match dans la LCF a été celui de la Coupe Grey à Montréal et je sens que je peux revenir et répéter cet exploit.

2-Alors tu parles un peu français… où as-tu appris la langue ?

Je me suis spécialisé en français à l’université. J’ai fait partie du club de français à l’école et j’ai suivi des cours pendant trois ans au secondaire. Ma mère et mon frère le parlent aussi. Encore aujourd’hui, mon frère et moi utilisons le français comme une langue secrète quand on ne veut pas que les gens nous comprennent. C’est plus facile pour moi de le lire et de le parler que de le comprendre. Parfois, les gens parlent trop vite pour moi, alors c’est difficile de comprendre, mais j’essaie toujours.

* Une bonne partie de cette réponse a d’ailleurs été donnée en français.

3-Sachant que l’équipe essaie de renverser sa situation, quel sera ton état d’esprit quand tu mettras les pieds à Montréal?

J’ai comme devise de respecter les stratégies en place et de croire au processus. Je sais que l’organisation embauche des gens qui aideront à changer la culture de l’équipe et à renforcer son image, surtout pour les partisans. Moi, je viens ici pour gagner des matchs de football. Mon travail c’est d’être coordonnateur défensif. Je veux une unité rapide, organisée et disciplinée qui va se battre pour contrer tous ses adversaires. J’ai un système que j’appelle FIFO (Prends ta place ou prends le bord). Je veux que chacun des membres de mon groupe prenne sa place, croit au processus, soit imputable et fasse tous les sacrifices nécessaires. Quand tes joueurs sont engagés et qu’ils veulent être là, c’est beaucoup plus facile de changer une culture et d’avoir un impact sur la qualité de jeu.

4-Quelles sont tes attentes par rapport à Coach Sherman ?

C’est un homme qui sait gagner. Un homme qui sait instaurer et entretenir la culture de l’excellence. En entrevue, j’ai été impressionné par sa compréhension des éléments dont une équipe a besoin pour gagner. Quand on s’est parlé, il a aimé ma vision de la réussite et c’est là-dessus qu’on s’est rejoint. Je pense que Coach Sherman est le candidat idéal pour transformer la culture de l’an dernier en un festin de victoires.

5-Tu passes d’entraîneur des demis défensifs à coordonnateur défensif. Qu’est-ce que ce changement signifie du point de tes responsabilités ?

Je suis naturellement devenu le coordonnateur du jeu de passes à Calgary. J’ai toujours coordonné les déplacements de la tertiaire et, puisque la LCF est une ligue dans laquelle le jeu aérien prévaut, on peut dire que mon travail était très important afin de préparer la défensive à affronter les meilleurs stratèges offensifs de la ligue.

La plus grande différence c’est que je serai désormais responsable de superviser l’ensemble du groupe. J’ai été très attentif au cours des trois dernières années. J’ai participé à la préparation de blitz, aux stratégies de course des demis défensifs et, comme joueur, j’ai été le 6e homme de Stubler, son arme secrète. J’ai joué dans la boîte comme à l’extérieur, alors je comprends comment les choses se passent dans tous les cas. Je pense que mon expérience ainsi que la réussite que j’ai connue lors des deux dernières saisons à Calgary m’ont très bien préparé à devenir CD dans la LCF.

6-Plusieurs changements au sein de l’alignement sont sans doute à venir. Comment comptes-tu t’adapter à ce qui sera sans doute un beau cocktail de plusieurs très jeunes joueurs et de quelques vétérans aguerris ?

Je pense qu’il s’agit d’évaluer les joueurs sur la base de critères précis. On veut des gars qui vont attaquer le ballon, des gars qui ont une excellente vision et, surtout, des gars qui jouent intelligemment. S’ils jouent avec des oeillères, ils n’ont pas leur place dans notre système. On veut aussi des gars qui ont le sens de la communauté. Des gars qui font leur boulot, mais qui n’oublient jamais qu’ils jouent aux côtés de leurs frères. Il faut vraiment trouver les bons gars pour notre système.

7-Quel type de climat comptes-tu instaurer au sein de ton groupe ?

Je veux que les gars aiment jouer ensemble. Ça n’arrivera pas toujours, mais, par exemple, quand j’ai quitté Toronto pour venir à Montréal, les Alouettes avaient été mes rivaux pendant trois ans. Je jouais contre Chip Cox et je le détestais, mais aussitôt que je suis arrivé à Montréal, il, ainsi que Mark Estelle, Davis Sanchez, Matthieu Proulx, John Bowman, Étienne Boulay et plusieurs autres, m’a accueilli les bras ouverts. Trouver sa place c’est ce qu’il y a de plus important; il faut y croire, être humble et attendre son tour, puis faire valoir son talent quand c’est le temps.

8-Maximiser le potentiel des joueurs est toujours une priorité, surtout après plusieurs saisons d’instabilité. Comment prévois-tu y arriver ?

Les joueurs ne s’intéressent pas à ce que tu sais avant de savoir combien tu t’intéresses à eux. Pour faire progresser un joueur, tu dois passer du temps avec lui, connaître ses faiblesses et continuellement lui rappeler ses forces afin de les maximiser. Quand tu fais ces efforts-là, que tu restes après les heures de travail, que tu réponds à leurs questions, que tu les traites comme des hommes, mais aussi comme tes étudiants, c’est là que les joueurs donnent leur maximum. Les meilleurs enseignants sont ceux qui savent adapter leurs méthodes aux habiletés de leurs élèves. Tu dois trouver la meilleure façon d’enseigner à tes joueurs en fonction de ce que tu sais sur eux. J’ai de la terre sur mes crampons, je sais ce que les gars vivent.

Certaines équipes s’acharnent à embaucher les meilleurs joueurs tous les ans. Elles dépensent beaucoup d’argent et continuent de modifier leur alignement tout au long de l’année. Ce n’est pas ma façon de voir les choses. Selon moi, les gars que tu recrutes au camp d’entraînement sont ceux avec qui tu veux gagner. Comme entraîneur, tu dois faire tout en ton pouvoir pour obtenir le meilleur 12 partant. Comme l’a si bien dit Stubler : « Tu veux toujours le meilleur 12 et non pas les meilleurs 12 joueurs. » Ce sont les 12 qui joueront le mieux ensemble qui remporteront des matchs.

9-Quel sera ton principal objectif avant d’entamer la saison 2018 ?

Le recrutement de personnel. Plus jeune, plus rapide. Je veux des gars qui respectent le jeu et croient au processus. Je veux qu’ils comprennent que si on leur offre un contrat c’est qu’on a confiance en leurs capacités. Je veux aussi que tout le monde ait une philosophie de gagnant. Trouver des joueurs qui sont prêts à faire la route avec nous est ma priorité. Je pense que les partisans commenceront à comprendre notre vision après l’ouverture du marché lorsqu’ils verront quel type de joueurs nous recherchons.

Puis, il faudra leur apprendre à gagner.