16 août 2018

La persévérance, un trait que Jackson ne veut pas échapper

MONTRÉAL – Ça ressemble un peu plus au Ernest Jackson que nous connaissons.

Les Alouettes de Montréal ont perdu un autre match, samedi dernier, alors qu’ils ont baissé pavillon 24-17 aux mains du ROUGE et NOIR d’Ottawa. Mais, malgré ce revers, il y a un brin de lueur.

Ernest Jackson a connu une bonne soirée de travail. Une performance plutôt rare depuis qu’il a mis les pieds à Montréal.

« J’en ai tiré profit », a dit Jackson à propos des cinq passes du quart-arrière Johnny Manziel lancées vers lui. Jackson les a toutes attrapées, pour des gains de 61 verges.

Depuis qu’Ernest Jackson a mis les pieds à Montréal, les Alouettes sont constamment à la recherche d’une identité d’équipe (Dominick Gravel/MontrealAlouettes.com)

Un vétéran de sept saisons dans la LCF, Jackson, 31 ans, a connu une soirée de travail qui ressemblait davantage à celles qu’il avait connues lors des campagnes avant d’obtenir son autonomie et de se joindre à Montréal en février 2017. Celui qui attrapait tout. Celui qui pouvait amasser plusieurs verges après l’attrapé. Celui qui pouvait provoquer des étincelles, en attaque, grâce à un gros jeu en deuxième essai.

Celui qu’il n’a pas vraiment été, en une saison et demie, avec les Alouettes.

Son séjour à Montréal a été frustrant, mais Jackson demeure optimiste et déterminé, insistant que si le ballon est lancé en sa direction, il peut encore être le joueur décrit ci-dessus, il peut être encore celui qui peut changer l’allure d’un match en un instant. C’est ce qu’il a fait à Ottawa. C’est ce qu’il a fait en Colombie-Britannique.

Il espère que sa performance de samedi soir signifie le début d’une belle relation avec Manziel, alors que les Alouettes espèrent enfin avoir clarifié leur situation à la position de quart-arrière. Si tel est le cas, nous verrions plus d’Ernest Jackson cette saison, et nous deviendrons habitués. Et il pourrait laisser de côté sa frustration.

Héros de la Coupe Grey en 2016 avec son attrapé en jonglant réussi en prolongation – un attrapé qui a permis à Ottawa de mériter un premier championnat de la LCF en quarante ans et qui a mis fin à une saison au cours de laquelle il n’avait échappé aucune passe lancée vers lui –, Jackson a testé le marché des joueurs autonomes, en 2017, et a conclu une entente avec Montréal.

Puis il est disparu.

Le mot « disparu » est peut-être exagéré, cependant. Avec 60 attrapés pour 767 verges et six touchés, Jackson a connu une première saison avec les Alouettes que plusieurs receveurs auraient enviée, mais en dessous des attentes pour un joueur « élite ». Il a connu une saison que l’on aurait jugé excellente pour un athlète dont on n’aurait jamais entendu parler. Mais il s’agissait d’Ernest Jackson, et les partisans de la LCF s’attendaient à des performances plus dominantes lorsqu’il était sur le terrain.

En 2016, Jackson a capté 88 passes pour 1225 verges et 10 touchés, le tout à la suite d’une impressionnante saison 2015, au cours de laquelle il avait capté 84 passes pour 1036 verges et cinq majeurs. Il était un morceau crucial du casse-tête en attaque à Ottawa, et on s’attendait à ce qu’il joue un rôle similaire à Montréal.

Les choses ne sont malheureusement pas déroulées ainsi, et Jackson a consciencieusement parcouru la sécheresse, essayant de maîtriser ses frustrations.

La dernière saison de Jackson à Ottawa a été sa plus productive dans la LCF, et alors qu’on s’attendait à des statistiques similaires lors de son arrivée à Montréal, des changements à la position de quart-arrière ont nui à la constance de l’attaque des Alouettes (La Presse Canadienne)

« En dedans, vous êtes bouillant, mais, en tant que bon coéquipier, vous savez que vous ne pouvez pas le laisser transparaître dans le vestiaire », a dit Jackson. « En tant que leader, vous devez continuer à jouer. Vous devez garder le tout à l’intérieur, et vous devez agir en professionnel. »

« J’imagine que c’est difficile pour certains, mais c’est quelque chose que j’ai fait toute ma vie », a dit Jackson. « J’ai vu certains joueurs péter les plombs auparavant, et je sais que ça fait partie du sport. J’imagine que j’ai tout simplement la patience et le tempérament pour me permettre de tout garder en dedans. »

Au sein d’une équipe qui affiche un dossier de 4-22 depuis son arrivée, « tout garder en dedans » est, en quelque sorte, un accomplissement.

La LCF ne compte pas les passes échappées par les receveurs, puisqu’il s’agit d’une statistique plutôt subjective et donc difficile à compiler. De nombreuses équipes le font, cependant, et c’est pourquoi vous n’entendez parler de la statistique des passes échappées par un joueur que lorsque celle-ci est impressionnante, et que l’équipe décide de la publier.

Le ROUGE et NOIR n’avait aucun problème à nous dire que Jackson n’avait échappé aucune passe en 2016, ce qui a rendu encore plus dramatique son attrapé en jonglant pour mettre fin au match de la 104e Coupe Grey.

En ce qui concerne le nombre de passes échappées à Montréal, on peut sans trop se tromper affirmer qu’il y en a eu quelques-unes et que le récit du séjour de Jackson avec les Als comprend des récits anecdotiques prouvant qu’il n’attrape plus les passes de manière aussi parfaite.

Ce n’est qu’une partie de l’histoire, pour être juste, et ce n’est même pas la partie la plus importante. Oui, le pourcentage d’attrapé de Jackson est plus petit à Montréal qu’à Ottawa – et plus petit que celui de sa dernière campagne en Colombie-Britannique –, mais le tout s’explique principalement par un manque de stabilité à la position de quart-arrière, autant au sein de la formation que sur le plan de l’exécution.

Cette saison seulement, les Alouettes ont employé cinq quarts-arrières différents, et les ennuis des Montréalais à trouver un remplaçant adéquat à Anthony Calvillo depuis que ce dernier a pris sa retraite il y a quatre ans sont extrêmement documentés.

La chimie entre un quart-arrière et ses coéquipiers est depuis longtemps un ingrédient crucial aux succès des receveurs. Jackson partageait une bonne chimie à Ottawa avec Burris. Il n’a pas réussi à tisser des liens aussi serrés à Montréal, notamment parce que personne n’a occupé le poste de quart-arrière assez longtemps.

« Chaque quart-arrière à son propre et unique style, et cherche des aptitudes différentes chez leurs receveurs », a dit Jackson, qui pourrait très bien voir un autre quart-arrière lui lancer des passes, samedi, lorsque les Alouettes seront à Edmonton pour se mesurer aux Eskimos. Les Montréalais ayant annoncé que Manziel avait été placé sous le protocole des commotions cérébrales, Antonio Pipkin a obtenu des répétitions avec la première unité offensive lors des entraînements cette semaine.

Si Pipkin obtient le départ, Jackson devrait trouver la bonne recette avec un autre quart-arrière.

Ça n’a pas été facile pour lui à Montréal depuis l’an dernier, et ses statistiques parlent d’elles-mêmes.

Le pourcentage d’attrapés de Jackson était de 69 % en 2014 (avec la Colombie-Britannique), puis de 68 % lors de sa première année à Ottawa, avant de bondir à 79 % lors de sa superbe saison en 2016. À sa première année à Montréal, ce nombre a chuté à 57 %. Cette saison, il est à 54 %, et il a augmenté drastiquement la semaine dernière grâce à sa performance contre le ROUGE et NOIR.

« Il y aura toujours de l’adversité, et vous devez apprendre à la gérer, et à en tirer profit », a dit Jackson, en ajoutant que tout ce qu’un joueur peut faire, c’est de demeurer concentrer et prêt parce que « le moment où vous êtes frustré et que vous manquez de concentration est celui où le ballon est lancé en votre direction. Puis vous paraissez mal. »

En 2018, Jackson a vu 35 passes dirigées vers lui; il en a attrapé 19 pour 207 verges. Il n’a pas encore marqué de touché. Il est en voie de connaître une saison de 43 attrapés pour 466 verges en 18 matchs, ce qui constituerait sa pire campagne en carrière, depuis qu’il est devenu un receveur régulier, en Colombie-Britannique, en 2014.

Néanmoins, il est optimiste de pouvoir retrouver la forme, grâce à la chimie qui s’installe entre Manziel et lui. Questionné mardi, soit une journée avant l’annonce des Alouettes concernant la santé de Manziel, Jackson était inspiré.

« Je suis très optimiste », a dit Jackson. « J’aime la manière dont il gère notre attaque, ainsi que sa confiance en lui et envers notre équipe. Il nous le dit : ‘’Je suis ici, avec vous, jusqu’à la fin’’. Nous avons confiance en lui, et il a confiance en nous. »

« La situation se redresse tranquillement et la chimie avec le quart-arrière s’installe peu à peu », a dit Jackson à propos de sa relation avec Manziel, une relation qui, selon lui, lui donnera les bases pour compiler de meilleures statistiques, et ce, sur une base plus régulière.

Grâce à sa performance de samedi dernier, une soirée de travail qui ressemblait davantage au qu’il était à l’époque, Jackson est persuadé que les moments frustrants tirent à leur fin, et que les projecteurs seront bientôt de nouveau braqués sur lui.

« Je suis convaincu que ce sera le cas », a dit Jackson lorsqu’on lui a demandé s’il s’agissait du retour des gros matchs de sa part. « Ça fait longtemps que j’attends ce moment, et je crois que c’est enfin le temps. »

« Et tout le monde pourra le voir. »

Les frustrations d’Ernest Jackson arrivent peut-être à leur fin avec l’arrivée de Johnny Manziel. Mais si ce dernier devait rater plusieurs semaines d’activités, ces frustrations seront-elles de retour?

Si c’est le cas, Jackson va continuer de persévérer; c’est ce qu’il fait depuis qu’il a quitté Ottawa.

Les attrapés, les verges et les touchés n’ont pas été la marque de commerce d’Ernest Jackson à Montréal, comme ce fut le cas à Ottawa.

Mais la persévérance l’est certainement. Celle-ci, comme toutes les passes lancées vers lui en 2016, est un trait qu’il n’a jamais échappé.

D’après un texte de Don Landry publié sur le CFL.ca.