25 juin 2019

Sous le casque de DeVier Posey

Saviez-vous que l’Université McGill a affronté l’Université de Harvard dans le cadre des deux premiers matchs de football internationaux au monde en 1974 ? La première partie, disputée selon les règles de Boston, a été dominée par Harvard, tandis que la deuxième, prenant davantage l’allure d’un match de foot/rugby canadien, s’est terminée par une marque nulle.

En tout cas, DeVier Posey, lui, le sait. Le receveur étoile acquis comme joueur autonome cet hiver a une personnalité comme on en croise rarement. Curieux, un peu introverti, mais ultra sociable en même temps, intello sur les bords et très très spirituel, DeVier est arrivé à Montréal avec l’intention réelle de s’imprégner de la culture montréalaise.

« Montréal a une âme. J’ai l’impression qu’elle est compatible avec la personne que je suis. Quand je joue au foot, je joue avec toute mon âme, m’a confié DeVier. Je suis quelqu’un qui aime sans compter, je suis passionné, et je pense que les Montréalais sont pareils. Les gens ont un certain sens de la connectivité ici. La ville et l’organisation sont inclusives, l’atmosphère est familiale. Peut-être que c’est dû à l’histoire et à la tradition de victoires de l’équipe. Depuis quelques années, on perçoit à tort Montréal comme une équipe faible, mais elle a gagné. Souvent. Si tu voulais gagner dans l’Est, tu devais passer par Montréal. Je veux ramener ça. »

D’ailleurs, il a choisi le meilleur guide/traducteur parmi ses coéquipiers en se liant d’amitié avec Félix Faubert-Lussier. Les deux seront colocs sur la route toute la saison et peuvent souvent être aperçus ensemble après l’entraînement.

« DeVier me ressemble dans la vie de tous les jours, affirme le receveur montréalais. Il est un peu spirituel, il réfléchit beaucoup et a une bonne tête sur les épaules. Il s’intéresse beaucoup à la culture d’ici, donc le fait que je sois Montréalais et que je parle français l’a poussé à faire venir vers moi. »

Félix n’est pas le seul avec qui DeVier est heureux de partager le terrain. Quand on s’est parlé la première fois, tout juste après l’annonce de sa signature au mois de février, il m’a confié avoir particulièrement hâte de travailler avec Antonio Pipkin et BJ Cunningham. Il s’est d’ailleurs entretenu avec notre jeune quart et notre receveur dévoué avant de s’entendre avec Kavis Reed.

« Pip dormait encore quand je l’ai appelé, mais il a pris le temps de me parler pendant une quarantaine de minutes. J’adore sa façon d’aborder la saison et le jeu en général, a dit DeVier sur un ton enthousiaste. J’ai aussi parlé à BJ qui m’a clairement dit que je ne pouvais pas lui voler son numéro 85. Je ne le voulais pas de toute façon, il lui va trop bien. BJ et moi avons joué l’un contre l’autre à l’université, on a fait partie de la même cuvée de repêchage, on a participé au même camp d’évaluation de la NFL, on est originaire de l’Ohio tous les deux… J’ai hâte de jouer avec lui. C’est un gars constant et fiable. »

Mais, au téléphone cet hiver, DeVier m’a surtout posé un tas de questions. À certains moments, on aurait cru que les rôles étaient inversés; qu’il était l’intervieweur et moi l’interviewée. Un gars curieux, je vous dis. Intéressé et investi aussi. Un gars que Kavis Reed a tenu à acquérir pour ses qualités athlétiques, évidemment, mais particulièrement pour l’impact qu’il peut avoir sur l’atmosphère dans l’équipe.

« DeVier possède les valeurs culturelles qui nous animent et que nous souhaitons incarner. Ses habiletés athlétiques parlent d’elles-mêmes, mais ce sont sa maturité, ses qualités de leader et sa passion pour l’excellence qui font réellement de lui le joueur idéal pour notre vestiaire, » a expliqué le directeur général de l’équipe.

Enfin, j’ai quand même réussi à lui demander ce qui motive un athlète comme lui, choix de 3e ronde des Texans de Houston et joueur par excellence de la Coupe Grey 2017, à choisir d’arborer les couleurs de la dernière équipe de la ligue. Et ce ne sont pas les offres qui manquaient…

« Lorsque Kavis m’a appelé, j’ai senti qu’il était transparent, honnête et ouvert. Il m’a parlé de ce qu’il voulait faire avec la charte de positions. Avoir la chance de discuter avec lui a joué un rôle important dans ma prise de décision. Je savais que la pression ne serait pas toute sur mes épaules parce que je jouerais avec d’autres excellents receveurs. Je savais aussi tout le potentiel que Montréal avait en défense avec Tommie Campbell, Taylor Loffler, Henoc Muamba et John Bowman. Je me suis senti un peu comme dans l’émission Ballers quand Ricky est joueur autonome et que plusieurs équipes essaient de le convaincre de venir jouer avec elles. Les gars de Montréal sont ceux qui m’ont le plus interpelé. J’ai senti qu’on partageait la même vision du jeu, le même état d’esprit. »

Ici, DeVier est plus proche de sa famille. Il s’en serait sorti, même s’il était retourné jouer sur la côte Ouest, mais il admet que la distance était par moment difficile à supporter. Son fils et sa femme, qui attend leur deuxième enfant, sont à Détroit. C’est un peu plus facile à gérer, disons. Ici, DeVier a aussi sa place dans le vestiaire. Il sait qu’il peut être lui-même; celui qui reste plus longtemps que les autres après l’entraînement pour continuer de travailler ses attrapés, celui qui a à cœur son rôle de vétéran, celui qui agit. Notre numéro 5 n’est pas le plus bruyant de la bande, mais il n’hésite pas à prodiguer des conseils. Au printemps, DeVier a participé à un mini-camp improvisé sur la Rive-Sud avec plusieurs autres receveurs et quarts. Sur place, il n’a pas tardé à aider les plus jeunes receveurs, dont le Canadien Malcolm Carter. Il a la fibre enseignante, ça se voit tout de suite.

« Je souhaitais avoir l’occasion d’être un leader. C’était important pour moi de faire partie d’une organisation pour qui tout ce que je fais à l’extérieur du terrain, dans le gym, après l’entraînement avec les quarts-arrière et dans les salles de réunion avec l’entraîneur des receveurs compte vraiment. Parfois, ce genre d’efforts passe inaperçu. J’ai l’impression qu’ici on le remarque. »

La créativité de Khari Jones convient aussi parfaitement au style de DeVier. Voyez-vous, ce n’est pas le type de joueur qui est à son meilleur à l’intérieur des contraintes d’un système. Il a besoin d’une certaine liberté, autant d’un point de vue personnel que sportif.

« Il y a une chose que Khari a dit qui m’a marqué et c’est qu’il veut attaquer le personnel. J’ai connu des frustrations auparavant avec des équipes et des coordonnateurs qui étaient pris dans un système. Je suis à mon meilleur dans un style de football de cour d’école en quelque sorte. J’aime que Khari adopte une approche plus fluide. Mon homme peut battre le tien, point. »

Quand ils passent d’une équipe à l’autre, les joueurs perdent parfois leurs repères. Il leur arrive de se remettre question dans ces moments-là, de se demander pourquoi ils font ça, pourquoi ils se donnent autant de mal, pourquoi ils continuent d’encaisser les échecs et les blessures, loin de leurs proches, loin de chez eux. Selon DeVier, il est crucial de ne pas se perdre soi-même en cours de route. Sans blague, l’alignement de ses chakras lui importe beaucoup et il prend les mesures nécessaires pour le maintenir. Visualisation, méditation et l’auto-responsabilisation font partie de son quotidien. Même dans les périodes les plus difficiles, la petite voix dans sa tête demeure encourageante. Et cette c’est cette positivité qu’il souhaite transmettre à ses coéquipiers.

« Ma vision du football est pure. Pour moi, la gloire doit revenir à celui qui consacre le plus de temps et d’efforts. C’est avec cette mentalité que j’en suis arrivé là et quand je vois des gars qui ne travaillent pas aussi fort qu’ils le devraient, je le dis. Mes façons de faire peuvent parfois choquer, mais si je vais sacrifier du temps avec ma famille, c’est pour obtenir des résultats positifs, quel que soit l’endroit où je me trouve. Pour accomplir de grandes choses, il ne faut pas avoir peur de l’inconfort. Jouer au football professionnel et vivre dans ses bagages, c’est inconfortable. Déménager dans un autre pays et tenter d’en faire son chez-soi, c’est inconfortable. Mais c’est dans ces moments qu’on apprend le plus. »

 
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