12 août 2019

Sous le casque de Quan Bray

La vie de Quan Bray aurait pu prendre un tout autre tournant. La veille du début du camp d’entraînement des Tigers d’Auburn, Quan a perdu sa mère dans un tragique incident. C’est son père qui l’a fusillée.

« Mon ami m’a appelé en me demandant pourquoi quelqu’un était en train de tirer sur la voiture de ma mère en face de chez ma grand-mère. Je venais tout juste d’entrer sur l’autoroute et je me suis dit qu’il fallait que j’arrive avant mon petit frère, se souvient Quan qui a été le premier membre de la famille à se rendre sur la scène du crime. Ma grand-mère était à l’extérieur de la ville, une chance. Elle était toujours chez elle, mais pas ce jour-là. Toute une coïncidence. »

Très peu de gens peuvent admettre avoir vécu d’aussi gros traumatismes, mais on peut tous s’inspirer de la capacité de Quan à garder son sang-froid. En plus de s’être pointé au camp le lendemain, le receveur a connu une brillante carrière à l’Université d’Auburn, devenant le premier joueur de l’histoire de la prestigieuse école à marquer un touché au sol, un touché par la passe et un touché sur un retour de botté dans la même saison.

« C’était douloureux, mais j’ai transformé ma douleur en motivation parce que je savais que ma mère rêvait de me voir réussir, dit Quan. C’était ma plus grande fan, elle aurait été ici avec moi à Montréal si elle avait pu. »


Si Quan s’est relevé aussi rapidement après avoir été frappé par la tragédie, c’est aussi parce qu’il devait montrer l’exemple à son frère cadet, Jamir. Même après avoir porté un fardeau aussi lourd, il continue de croire que les choses n’arrivent jamais pour rien. Le joueur réfléchi, tranquille et observateur avoue avoir gagné en maturité sur-le-champ.

« Je me suis immédiatement demandé ce que je pouvais faire pour assouvir sa douleur et être là pour lui. Je suis donc devenu une figure paternelle à un très jeune âge. J’avais seulement 19 ans à l’époque, mais la personne que je suis devenu à cet âge-là est la même que je suis aujourd’hui, à 26 ans. Ce n’est pas parce que je n’ai pas évolué depuis, mais parce que j’ai dû devenir un homme d’un seul coup. »

L’esprit familial d’Auburn a aussi aidé Quan à faire son deuil. Ses coéquipiers l’ont épaulé et ses entraîneurs n’ont jamais remis en doute sa capacité à surmonter l’adversité. Un jour seulement après avoir appris le décès de sa mère, il s’est rendu à l’entraînement et l’a terminé avec brio, gagnant ainsi le respect de tous ses pairs. Et ça, le respect, c’est important pour le receveur éloigné de 5’10, 185 livres. Encore aujourd’hui, il sent qu’il doit prouver sa valeur. Natif de la Géorgie, Quan est resté près de chez lui jusqu’en 2015 lorsqu’il a reçu une offre des Colts d’Indianapolis. Il était agent libre, s’étant fait bouder au repêchage.

« Je ressens constamment un sentiment de devoir, sur le terrain comme dans la vie. Je n’ai jamais été favori. Parce que je n’ai pas été repêché, j’ai dû travailler deux fois plus fort pour me tailler une place au sein de l’équipe. Même quand je suis arrivé ici, à Montréal, on m’a placé dans l’équipe d’entraînement. Mais ça me va, je travaille mieux comme ça. »

Notre personnel-entraîneur a peut-être senti que le défi l’interpellerait. Peu de temps après le début de la saison, le joueur explosif s’est retrouvé parmi les partants. Pas surprenant. La vitesse déconcertante et les mains sûres du receveur en avaient épaté plus d’un au printemps. En plus de posséder les qualités athlétiques nécessaires pour réussir de grands exploits dans la LCF, Quan détient la bonne attitude. Il y a deux semaines, quand les arbitres ont pris la décision hautement contestée de refuser son touché contre Ottawa, il n’a pas bronché.

« Loko (Boseko Lokombo) nous a dit quelque chose d’important dans le vestiaire. Il a parlé de l’importance de notre stabilité émotive. La vie et le football sont remplis de hauts et de bas, mais nous, on doit s’efforcer de toujours rester au même niveau. Si je m’étais fâché contre les arbitres, j’aurais pu influencer négativement mes coéquipiers et leur faire perdre leur concentration alors qu’il restait plus d’un quart à jouer. »


Quan fait confiance à la vie, même quand elle paraît injuste. Il est passé maître dans l’art de la zénitude. Et même s’il n’est pas du genre à prononcer de grands discours, il trouve moyen de transmettre son message d’espoir. En mai dernier, le jeune homme a publié Keep the Dream Alive, un livre autobiographique qui raconte la première partie de son histoire. Il est aussi très actif sur Twitter et Instagram pour la même raison.

« Je veux montrer aux gens, surtout aux jeunes, qu’il est important de ne pas laisser tomber, de ne jamais arrêter de croire en soi, même dans les moments les plus difficiles. J’arrive à croire que tout arrive pour une raison, même les choses les plus terribles. »

Après trois saisons avec les Colts, Quan a fait des sauts chez les Bills de Buffalo, chez les Texans de Houston, et chez l’Iron de Birmingham (AAF), puis, à sa grande surprise, il a atterri ici, au Canada. Comme plusieurs Américains dans la ligue, jamais il n’aurait cru avoir l’occasion de découvrir notre vaste pays. Son petit sourire en coin en dit long : il est heureux d’être ici. Quan est plus qu’un incroyable ajout à notre équipe; il est un parfait exemple de persévérance pour tous les jeunes joueurs de football. Un vrai soldat qui est loin d’avoir terminé son combat.

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