29 août 2019

Bilan de mi-saison avec Khari Jones

On est y déjà. DÉJÀ ! Faut dire que les semaines passent vite quand on est occupé, particulièrement quand on est occupé à gagner. C’est la mi-saison et nos Alouettes affichent un pourcentage de victoire supérieur à 0.500 pour la première fois depuis 2012 à pareille date. J’aurais envie de faire un copier-coller des commentaires publiés en juin dernier, mais je préfère miser sur le positivisme actuel. Disons simplement que les pronostics favorables à notre réussite étaient rares, il y a seulement deux mois.

Avec en poche cinq victoires, dont trois à l’extérieur, et quatre défaites, dont l’une pour laquelle Dame Nature peut être en partie tenue responsable, notre entraîneur-chef Khari Jones peut être fier du travail qu’il a accompli jusqu’à présent avec son personnel et ses joueurs. Montréal n’a pas réussi à accéder aux éliminatoires depuis 2014. Dans une ligue de neuf équipes, c’est une statistique assez désolante. D’ailleurs, avant ça, il fallait remonter jusqu’en 1986, période très, très creuse des Alouettes, pour parler de la dernière fois que nos Alouettes n’avaient pas au moins participé à la demi-finale de l’Est.

C’est dur sur le moral d’une équipe, ça. Tu finis par te dire que tu fais partie d’une gang de perdants, pis c’est la vie.

Mais Khari Jones, lui, voyait le potentiel du groupe avant même d’être nommé entraîneur-chef. Aussitôt que le poste lui a été confié, il s’est donné comme mission de transmettre cette confiance à tout son vestiaire. Avant qu’il ne quitte Montréal pour un court séjour à Québec, où il prévoit assister à quelques entraînements du Rouge et Or et découvrir toute la splendeur de notre capitale québécoise, j’ai eu la chance de m’entretenir avec notre sympathique entraîneur-chef.

« Je savais qu’on avait la chance de devenir quelque chose de spécial, d’être une équipe spéciale cette année. Mais je souhaitais que les gars le voient aussi ! J’en ai donc fait mon principal objectif, m’a-t-il confié. On a tous les éléments pour réussir, il suffit de les exploiter. Mon but était qu’ils parviennent à voir ce que je vois et, maintenant, je pense qu’on voit tous la même chose. »

So far, so good, comme on dit. Une énergie indescriptible émane du vestiaire depuis quelques semaines. C’est extraordinaire de voir trois unités aussi soudées. On ne manque pas de personnalité – suffit de passer deux minutes avec Pat Levels, DeVier Posey ou Tommie Campbell pour le constater – et chacun est libre de s’exprimer, d’être lui-même. Mais quand vient le temps de sauter sur le terrain, toutes ces personnalités ne font qu’une. Et c’est ce qui fait que notre équipe a autant de swag, de charisme et de volonté cette année. Il n’y a pas de division.

Selon Coach Khari, ce phénomène n’arrive ni souvent ni partout. Les joueurs de l’édition 2019 partagent un même désir ardent de travailler et de s’améliorer. C’est comme si toutes les pièces du casse-tête s’assemblaient enfin, en commençant par celles du corps entraîneur. Même si sa nomination a paru précipitée (une semaine avant le premier match de la saison régulière), Khari affirme qu’elle est arrivée au bon moment.

« J’étais prêt. J’ai 48 ans, je me sens bien. Si j’ai envie de danser, je danse. Je n’aurais probablement pas osé faire ça il y a cinq ou dix ans. J’aurais essayé de suivre les traces d’autres entraîneurs probablement. Mais là, je veux que les gars voient qui je suis. Ils vont me voir faire des erreurs et je vais les admettre. Ils vont me voir me fâcher, mais ils sauront que je les aime quand même et que je fais ça pour faire ressortir le meilleur d’eux-mêmes. »

L’arrivée du coordonnateur défensif Bob Slowik a aussi eu un impact important sur l’ensemble du groupe. Celui qui n’avait jamais entraîné dans la LCF a soulevé le doute en début de saison, mais le respect que ses joueurs éprouvent pour lui en dit long sur sa compétence. Les performances de son unité aussi. Coach Slowik est à la fois un étudiant et un enseignant. Il est suffisamment à l’écoute pour savoir mettre à profit les forces de ses joueurs et détient bien assez d’expérience pour que les joueurs lui fassent confiance en retour.

La réponse à l’égard de Khari Jones, de Bob Slowik ou de l’ensemble du personnel entraîneur est incroyable, qu’elle vienne des joueurs ou de vous, nos fans. On n’est plus la gang de perdants. On est l’équipe qui a le vent dans les voiles, l’équipe qui épate avec ses jeux truqués et sa défense à toute épreuve, l’équipe qui surprend les analystes (sauf Chris O’Leary qui vote toujours pour nous), l’équipe qui vous fait souffrir de malaises cardiaques à la fin de chaque match aussi. Ce n’est pas compliqué, nos Alouettes offrent le meilleur spectacle en ville en ce moment ! Ne soyez pas surpris toutefois si notre entraîneur-chef ne lit pas vos commentaires en ligne. Non seulement ce n’est pas son boulot, mais il a appris, à l’époque où il évoluait comme quart-arrière, qu’il valait mieux bloquer les distractions extérieures le plus possible.

En plus de l’ajout des membres au corps entraîneur, d’autres pièces de casse-tête se sont assemblées tout naturellement au courant de la première moitié de la saison. Lorsque le receveur étoile DeVier Posey s’est blessé dans les premières semaines de jeu, Geno Lewis a été déplacé à son poste. Quan Bray a quant à lui pris la place de Geno. Puis, quand BJ Cunningham s’est blessé au poignet, c’est DeVier qui est revenu pour prendre sa place au poste d’ailier rapproché. Un jeu de chaise musicale qui, finalement, s’est plutôt bien déroulé.

« Mon défi était de trouver la bonne position pour chacun des gars, affirme Khari. La plus belle surprise dans tout ça a été Geno. Je savais qu’il était talentueux et capable, mais il a eu connu de moins bonnes performances en début de saison qui l’ont relégué un peu plus loin à l’arrière-plan. Puis, quand DeVier s’est blessé, Geno est revenu en force à une nouvelle position. Une nouvelle position à laquelle il excelle ! Je sais que ça lui a fait mal de ne plus être un des principaux gars, mais il a très bien répondu à l’adversité. J’adore quand un joueur se fâche un peu et veut nous prouver qu’on a tort. Eugene s’est dit : “Je vais te montrer ce dont je suis capable, Khari !” Et c’est ce qu’il a fait. J’ai presque le goût de le garder un peu fâché et inconfortable d’ici la fin de la saison, » a-t-il dit en riant.

Geno, if you read this, know that Coach is very unhappy with that one drop you had in Moncton. Very, very unhappy.

Les changements à l’alignement ont aussi permis à DeVier Posey de briller comme ailier rapproché. Son attrapé spectaculaire à la ligne des buts la semaine dernière n’est pas passé inaperçu. Et que dire de la découverte qu’est le rapide Quan Bray ! Le groupe de receveurs n’a décidément rien à envier à ses adversaires, si ce n’est qu’un peu de profondeur. On a neuf semaines de travail devant nous, sans aucune pause. Évidemment, on ne souhaite à personne de se blesser, mais il est important d’être paré à toute éventualité. Sans écarter la possibilité d’ajouter un receveur à son groupe, Khari affirme avoir confiance en son équipe d’entraînement.

« Je vais leur dire, dès le retour de la semaine de congé, qu’ils ne sont plus une équipe d’entraînement. Ils sont remplaçants. Ils doivent être prêts quand leur numéro sera appelé. Ce qui est bien c’est que Malcom Carter et Zac Parker ont des matchs sous la ceinture déjà. »

Autre importante modification : la transition de Boseko Lokombo au poste de maraudeur. En perdant Taylor Loffler, nos Alouettes devaient vite trouver un candidat aussi redoutable. Doté d’un gabarit semblable à celui de Taylor et de la même capacité à fesser vraiment fort (pardonnez-moi mon langage), Boseko pourrait devenir lui aussi une menace au milieu du terrain.

« Il n’a pas fait d’erreur majeure la semaine dernière, affirme Khari. C’était son premier match à ce poste et ça se voyait, mais on va travailler à améliorer ses instincts rapidement. Il frappe fort. C’est ce que j’aime chez Loffler aussi; les gars réfléchissent bien avant de jouer au centre parce qu’ils n’ont pas envie de se retrouver nez à nez avec lui. »

Bien que l’équipe ait été particulièrement surprenante dans les dernières semaines, il est clair dans l’esprit de notre entraîneur-chef qu’il y a encore beaucoup de travail à faire. On pense, notamment, à vos petits cœurs qui se porteraient beaucoup mieux si on arrivait à prendre les devants plus tôt dans les matchs.

« Mon objectif principal pendant la semaine de congé était d’étudier nos premières demies. J’aimerais qu’on ne soit pas toujours en train de revenir de l’arrière tard dans le match. Nos ajustements sont bons, mais on doit trouver moyen d’être plus solide, plus tôt dans le match. Même si on a gagné comme ça, on peut encore s’améliorer et c’est parfait parce que je ne veux pas qu’on fasse preuve de complaisance ou qu’on stagne. »

Les unités spéciales, qui ont très bien joué en couverture contre Rainey à Moncton, peuvent faire mieux sur les retours de botté. La défense parviendra peu à peu à trouver un meilleur équilibre entre pression et couverture. Et l’attaque, elle, doit trouver des moyens de se réinventer chaque match, particulièrement en ravivant le jeu au sol. Tandis que Jeremiah Johnson a fait du bon boulot en l’absence de Will Stanback, le retour imminent de notre bête de numéro 31 au poste de demi offensif propulsera certainement l’unité au complet.

Neuf semaines consécutives de football nous attendent, incluant – peut-on le dire? – peut-être enfin une course excitante aux éliminatoires ! Continuez de nous soutenir mesdames et messieurs, même si Coach Khari ne vous lit pas, l’organisation au grand complet ressent vos ondes positives.