13 septembre 2019

Les commotions, parlons-en

Dans les dernières années, le progrès effectué en ce qui a trait aux commotions cérébrales a été exponentiel. On le sait, au football, parler de blessures à la tête était en quelque sorte tabou. Les bobos au cerveau étaient minimisés au point ou certaines pratiques nocives (telles que le Oklahoma drill) étaient encouragées à l’entraînement. Comme un rituel de passage, en quelque sorte.

« Dans les années 1980-90, ce qui faisait la popularité de notre sport, c’était précisément le contact. La robustesse du football était ce que les gens admiraient le plus. Aujourd’hui, les coups sévères qui auparavant étaient acclamés sont plutôt sanctionnés, affirme Luc Brodeur-Jourdain, ancien joueur de ligne offensive, maintenant entraîneur-adjoint de la ligne à l’attaque.« 

Quand plusieurs de nos joueurs ont commencé à jouer au foot, il n’y avait pas de résonance magnétique qui démontrait l’ecchymose au cerveau. Désormais, les gars sont conscients qu’il y a une vie après le football et qu’il est passablement (pour ne pas dire très) important de préserver sa capacité à réfléchir. Et cette prise de conscience des athlètes professionnels ainsi que de leurs entraîneurs était cruciale pour l’avancement de la cause.

« C’est une approche top-down, il faut que ce le soit, explique Luc. Les changements doivent être faits au niveau professionnel d’abord pour que le rêve des jeunes ne soit plus de se cogner dessus, mais plutôt de devenir des athlètes spécialisés. On doit montrer l’exemple. »

En 2011, Luc a souffert d’une commotion sans trop le savoir au départ. Il a subi l’impact, puis a continué à jouer. C’est ce que plusieurs joueurs font, d’ailleurs, et c’est ce qui confirme l’importance du protocole instauré par la ligue. Quelque temps après, il a souffert de troubles de vision et de maux de tête.

« C’est parfois difficile pour l’athlète de savoir qu’il a subi une commotion. Il n’est pas nécessairement en pleine connaissance de cause ou en possession de tous ses moyens, confie Luc. Les entraîneurs et les officiels ont donc un grand rôle à jouer. C’est un effort commun. Tous les cas sont différents, alors il faut être ultra vigilant. »

Surtout, il ne faut pas hésiter à le dire, à en parler avant qu’il ne soit trop tard. Dans le cadre de sa campagne En équipe, parlons-en, la Fondation Concussion Legacy, encourage justement toute la communauté footballistique et sportive à normaliser la discussion. Le repos forcé peut être difficile à digérer pour l’athlète, mais il est le seul garant de son rétablissement. Heureusement, comme la recherche et les méthodes ont évolué, les mesures prises après le choc sont beaucoup moins radicales que dans le passé.

« Avant, on nous disait de rester isolés, dans une chambre à la noirceur, et de ne pratiquer aucune activité physique. Maintenant, dans la plupart des cas, un retour progressif à l’entraînement est encouragé. Il y a des suivis précis qui sont effectués, une procédure établie. On commence par un peu de cardio et on fait augmenter le rythme cardiaque très graduellement.« 

Parmi les effets secondaires les plus inquiétants de la commotion cérébrale, il y a la dépression. Les problèmes de santé mentale pouvant découler d’un tel choc sont à prendre au sérieux. Toutefois, c’est à se demander s’ils ne sont pas en partie, ou même surtout relatifs à l’isolement.

« Quand tu ne fonctionne pas comme d’habitude, qu’il t’est interdit de bouger et que tu peux à peine sortir de chez toi, c’est normal de ne pas être à ton comble. C’est pour ça que la nouvelle procédure aide, en plus de favoriser la conversation, » pense Luc.

Tous les sports comportent des risques de blessures. Tous les sports. Même (ou surtout) une petite balade à vélo en famille dans les rues de Montréal peut virer au cauchemar. Anecdote : j’en ai moi-même subi deux cet été. La première, dont les conséquences ont été particulièrement intenses, sur un terrain de soccer. Toutefois, l’apport positif de l’activité physique restera toujours supérieur aux risques associés à leur pratique.

« Les valeurs qui sont inculquées aux enfants qui pratiquent un sport, particulièrement un sport d’équipe, sont précieuses. Le sentiment d’appartenance, le sens des responsabilités, les aptitudes sociales, les saines habitudes de vie… et j’en passe ! Comme parent, avant de refuser d’inscrire son enfant, on a le devoir de se demander si on est en mesure de lui apprendre ces valeurs tout en le tenant éloigné du sport.« 

Apprenez en plus sur la campagne En équipe, parlons-en et découvrez comment, vous aussi, pouvez aider la cause.