7 novembre 2019

Quand la passion prévaut

Un pas à la fois. C’est l’approche qui a été adoptée cette saison. Et c’est tant mieux, puisque chaque pas a grandement contribué à renverser la vapeur. En revigorant notre image de marque, en changeant notre logo, en nommant un nouvel entraîneur-chef, en acquérant des joueurs clés, on a finalement réussi à assembler toutes les pièces du casse-tête. Nous voilà maintenant, à l’aube de notre premier match éliminatoire depuis 2014, prêts à faire un autre pas dans la bonne direction.

Nos Alouettes affronteront les Eskimos d’Edmonton ce dimanche dans le cadre de la demi-finale de l’Est après avoir suivi une étrange tendance depuis la mi-saison. Ils gagnent, ils perdent, ils gagnent, ils perdent… Les deux dernières semaines n’ont pas fait exception à la règle. L’équipe a perdu contre les Tiger-Cats à domicile, puis a défait le ROUGE et NOIR à l’étranger. Une victoire contre les Eskimos voudrait donc dire de rompre avec la tendance, mais disons qu’on n’est pas à une anomalie près. L’équipe a carrément avancé à contre-courant toute l’année.

« Ce qui m’impressionne le plus chez cette équipe à présent c’est sa capacité à relever même les plus gros défis, affirme Khari Jones qui est persuadé que son groupe a tout ce qu’il faut pour accéder aux plus grands honneurs. Je pense que les gars seront à la hauteur encore une fois. Ce serait le moment idéal pour remporter quatre matchs consécutifs. »

Si d’autres organisations ont eu de beaux récits à raconter cette saison – les Roughriders de la Saskatchewan, par exemple, ont fait taire leurs détracteurs en remettant les clés de l’attaque à Cody Fajardo -, aucun ne se compare à notre retour en force inattendu. Difficile de ne pas craquer pour une bonne histoire d’underdog, surtout quand il s’agit du plus sous-estimé des underdogs. Et ça, c’est nous, c’est notre histoire. D’ailleurs, certains membres de notre équipe avaient une si grande courbe d’apprentissage à surmonter que la quasi-totalité des amateurs de sport croyait que l’organisation se dirigeait vers une autre campagne cauchemardesque. Notre coordonnateur défensif, Bob Slowik, connait bien cette fameuse courbe d’apprentissage. Peu après qu’il se soit fait confier les rênes de l’unité défensive, l’équipe a subi deux revers importants pour démarrer la saison, le premier contre les Eskimos d’Edmonton.

« C’était une courbe d’apprentissage énorme. Énorme. J’ai été chanceux d’avoir des gars comme Henoc et John Bowman pour m’aider, admet Coach Slow en se remémorant ces premiers jours dans la LCF en mai dernier. On a fait d’immenses progrès ensemble depuis le premier match contre Edmonton. C’était difficile au début comme la présaison est si courte. On a à peine le temps de faire la connaissance de nos joueurs ou, dans mon cas, de se familiariser avec les subtilités du jeu. Quand on a compris où nos joueurs excellaient, on a trouvé notre niche. Puis, nos adversaires ont identifié cette niche, alors il a fallu continuer de bâtir et d’évoluer. »

L’équipe, dont la saison a commencé avec deux défaites déconcertantes, a effectivement bien progressé depuis le premier revers à Edmonton au début juin. L’évolution peut certainement être attribuée en partie au positionnement des joueurs sur le terrain ou encore aux différentes stratégies adoptées, mais elle est surtout le fruit de la confiance et de l’atmosphère positive qui règne dans le vestiaire. Tous les jours, nos hommes sautent sur le terrain avec le sourire aux lèvres. C’est rare de voir un groupe qui prend autant de plaisir à travailler. C’est aussi rare de voir des entraîneurs qui s’échauffent activement avec leurs joueurs et dansent sur les lignes de côté. Notre joyeuse bande n’est pas forcément la meilleure sur papier, mais elle sait faire vivre à ses fans les meilleurs moments, les meilleures émotions. Et l’émotion dans le sport, c’est bien, tant qu’elle ne se transforme pas en furie.

Dans cette première semaine d’éliminatoires, comme dans toutes celles qui suivront, la discipline aura un impact important sur nos chances de réussite. Nos hommes ont perdu leur sang-froid à quelques reprises cette saison, récemment contre Hamilton entre autres, mais, selon Khari Jones et Bob Slowik, ce genre d’écarts ne peut plus se reproduire. Après notre dernière défaite à domicile, Coach Slow s’est adressé à son groupe : « Vous pouvez être passionné, mais quand votre passion se transforme en furie, c’est votre équipe qui en souffre. La furie, c’est une colère incontrôlable. On ne peut pas laisser ça arriver. J’adore la passion, je déteste la furie. »

Même si les Eskimos n’ont pas la fibre aussi provocatrice que Simoni les Tiger-Cats, le mot d’ordre restera de ne pas laisser qui que ce soit dicter nos façons de faire. Dans un moment aussi crucial que celui-ci, il peut être particulièrement dangereux de franchir la ligne mince qui existe entre ardeur et indiscipline.

« Notre équipe n’est pas furieuse, on n’est pas comme ça et j’en ai parlé aux gars, explique Khari Jones. J’adore notre passion et la flamme qui nous allume, mais on doit savoir quand s’arrêter. On ne laissera aucun adversaire dicter notre attitude. »

Notre jeu non plus.

« Je veux que ce groupe demeure le même, qu’il continue à avoir autant de plaisir. Je veux que les gars restent fidèles à eux-mêmes. »

Ce message s’adresse à qui veut bien l’entendre et peut-être encore plus à Vernon Adams Jr. À titre de quart-arrière partant d’une équipe ayant remué ciel et terre pour dénicher un pivot de qualité pendant des années, Vernon a fait l’objet de nombreuses critiques, bonnes ou mauvaises, cette saison. Il prenait trop de risques, il lançait trop souvent en couverture, il courait trop souvent, parfois pas assez, et la liste se poursuit. Aujourd’hui, tout ce qu’on a envie de dire à son sujet c’est qu’il a répondu à l’appel à un moment critique dans l’histoire de la franchise. Il n’y a qu’un extraordinaire leader pour réussir un tel exploit. D’ailleurs, plusieurs ont échoué avant lui. Vernon a été mis à l’épreuve lorsqu’Antonio Pipkin s’est blessé au début de la saison et, depuis, l’équipe n’a jamais eu à regarder en arrière.

Même s’il connait bien la pression et l’engouement des grands matchs, Vernon mènera l’attaque dans un match éliminatoire pour la première fois de sa jeune carrière professionnelle. Après un parcours universitaire prolifique lors duquel il a conduit les Eagles de Eastern Washington au championnat de la Big Sky Conference et en demi-finale de la division 1 de la NCAA, il s’est promené d’une ville à une autre en espérant un jour avoir sa chance. Enfin, il l’a eue, et on est heureux que ce soit avec nous.

« La qualité la plus importante chez un quart-arrière, au-delà de tout le reste, est sa capacité à aider son équipe à remporter des matchs de football, affirme Khari Jones qui a lui-même été sous les projecteurs à maintes reprises à l’époque où il jouait. Vernon a réussi à faire précisément ça pour l’équipe. Il nous a aidés à gagner et je veux qu’il utilise toutes les armes à son arsenal pour continuer de nous aider à gagner. »

Bien entendu, VA peut compter sur plus que sa propre rapidité et la puissance de ses lancers. Son arsenal comprend aussi une sélection impressionnante de cibles qui ont grandement contribué à élever notre jeu d’un cran cette saison. De Will Stanback et Jeremiah Johnson au groupe de receveurs, notre quart-arrière peut s’appuyer sur des coéquipiers qui jouent avec aisance sous pression. Selon notre entraîneur-chef, la recrue de l’année Jake Wieneke et le joueur étoile de l’Est Geno Lewis méritent certainement les honneurs qui leur sont rendus.

« Jake fait tout ce qu’on lui demande, il bloque plus que quiconque et fait toutes les petites choses qui font une grande différence. Il ne se plaint jamais et continue de s’améliorer. Geno, eh bien, on connait tous ses exploits, mais ce que les gens ne savent pas c’est qu’il est doté d’une éthique de travail admirable. Les gars autour d’eux les observent. Leur influence n’est pas négligeable. »

Si nos joueurs de ligne offensive peuvent continuer d’assurer une protection étanche comme ils l’ont fait dans les dernières semaines, l’attaque devrait pouvoir à nouveau produire une série de jeux spectaculaires dimanche.

Du côté de la défense, le retour de Trevor Harris sous le centre et potentiellement du demi offensif CJ Gable donnera à l’unité de Bob Slowik l’occasion de relever un bon défi bidimensionnel. Rappelons-nous, cependant, que Harris était bel et bien sur le terrain les deux fois que l’équipe a affronté les Eskimos cette année. Étonnamment (ou pas, si vous étiez attentif aux détails), le facteur déterminant du succès de nos adversaires dans le premier match n’a pas été la force de frappe de Harris, mais plutôt le jeu au sol. CJ Gable a parcouru plus de 150 verges ce jour-là, portant littéralement son équipe vers la victoire. Le mois suivant, notre défense l’a anéanti. Coach Slow avait compris quelles armes possédait l’adversaire et il est loin d’avoir oublié sa leçon.

« Ce qu’ils réussissent le mieux, honnêtement, c’est courir. Ils bloquent aussi extrêmement bien. D’ailleurs, c’est probablement l’une des équipes qui bloquent le mieux et je ne parle pas seulement de la ligne offensive, mais surtout de ceux qui travaillent en périphérie. »

Coach Slow n’écarte pas, toutefois, la menace que représente l’attaque d’Edmonton par la voie des airs. S’il parle surtout du travail qui doit être fait pour contrer le jeu au sol, c’est qu’il a une explication bien précise quant aux manquements récents de son escouade relatifs à la défense contre la passe. Plus de 300 verges avaient été allouées à Hamilton, ce qui n’est pas forcément surprenant, mais aussi contre le ROUGE et NOIR dont l’attaque a été la moins productive de la ligue cette saison.

« Comme plusieurs nouveaux éléments étaient sur le terrain, on a éprouvé quelques problèmes de communication. Contre Hamilton, mon ami Speedy B nous a eus », admet Coach Slow avec un sourire en coin. Brandon Banks, receveur étoile des Tiger-Cats, évoluait pour les Redskins de Washington quand Coach Slow y était. Un atout, peut-être ? En plus de devoir composer avec la présence de nouveaux joueurs sur le terrain, la défense avait du mal à s’entendre. C’était bruyant et c’est parfait comme ça. Il suffisait de s’ajuster. « Les fans sont tout aussi bruyants et enthousiastes que ceux que j’ai vus au cours de ma carrière, même si le stade est plus petit. Quand il y a un maximum de bruit, la communication de l’attaque est affectée. C’est avantageux pour nous. Cependant, il a fallu apprendre à s’adapter parce qu’on n’arrivait pas à s’entendre. On communiquera désormais par des signes uniquement et ça ira. »

L’équipe entière est prête à vous entendre dans les gradins. Le pouvoir du 13e homme a rarement été aussi puissant. Imaginez ce que ressentent nos hommes maintenant que toute la ville est derrière eux, après tant d’années de doute et d’amertume ! Plus que jamais, ils ont besoin de votre soutien et, soyez assurés qu’en échange, ils vous offriront tout un spectacle.

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