13 mars 2020

L’annulation des camps d’évaluation n’empêchera pas Byron Archambault de dénicher des perles rares

Ce vendredi 13 mars, 56 des meilleurs joueurs universitaires de l’est du pays devaient prendre part au camp d’évaluation régional tenu à Baie-d’Urfé dans l’ouest de l’Île, dans l’espoir d’épater les dépisteurs d’au moins une des neuf équipes de la ligue. Parmi ceux-ci, une poignée aurait été invitée au camp national. Cependant, compte tenu de la propagation du COVID-19, la ligue a choisi de prendre des mesures préventives, annulant ainsi tout camp d’évaluation et demandant aux équipes d’employer d’autres méthodes pour évaluer les joueurs. Byron Archambault, récemment nommé directeur du dépistage national pour nos Alouettes, et ses collègues auront donc sans doute les yeux rivés sur leurs écrans dans les prochaines semaines, à la recherche des meilleurs candidats admissibles au repêchage.


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Connaître ses priorités sans pour autant se priver

Même s’ils devront ajuster leur processus, les dépisteurs montréalais garderont certainement le cap sur leurs priorités. Selon les manques à combler au sein de l’alignement, on pourrait croire qu’ils porteront une attention particulière aux positions suivantes :

  • Secondeur, position clé de la défense à laquelle plusieurs Canadiens connaissent du succès;
  • Ligne défensive, compte tenu des manques dont a souffert l’équipe dans les dernières saisons;
  • Receveur afin d’ajouter un peu de profondeur en matière de contenu national à un groupe fortement composé de jeunes prodiges américains.

Or, quels que soient nos besoins immédiats en matière de personnel, les évaluateurs voudront tout de même dénicher les meilleurs candidats.

« Malgré les besoins de l’équipe, l’objectif est toujours de remarquer les joueurs les plus talentueux, point final, affirme Byron Archambault, directeur du dépistage national. Si, par exemple, un demi défensif sort particulièrement du lot, notre travail est de faire nos devoirs sur lui, même si on n’a pas prévu repêcher un gars à sa position. Aucun détail ne peut être négligé. »

Un camp, comme toute formule d’évaluation, s’agit bien sûr d’un moment clé pour ces jeunes joueurs. Chacun veut sortir du lot, se montrer plus fort, plus rapide, plus explosif que son prochain en quelques heures seulement ou encore, cette année, en vidéo. La pression est énorme, mais ce n’est pas parce que son nom n’est pas sur toutes les lèvres qu’un joueur doit forcément s’inquiéter. Il peut arriver qu’un excellent athlète ait l’impression de passer inaperçu, alors qu’en fait, les équipes souhaitent simplement ne pas faire part de leur trouvaille à leurs adversaires. Souvent, les recruteurs préfèrent garder leurs cartes cachées en s’abstenant de parler de celui qu’ils croient être un diamant brut. L’aspect stratégique du football est tout aussi présent dans les salles de réunion que sur le terrain.

Des critères d’évaluation qui diffèrent selon la position

Selon leur position, les joueurs seront aussi évalués différemment. Les dépisteurs ne souhaitent pas forcément voir les mêmes qualités athlétiques chez un secondeur que chez un receveur, par exemple.

« Quand on observe les secondeurs, on veut voir des gars qui sont bons dans tout, qui sont polyvalents, explique Byron. Un secondeur doit être capable de jouer avec les gros et de courir avec les vites. La vitesse latérale est aussi un facteur très important à cette position. On prêtera une attention particulière à la vitesse sur une courte distance pour les joueurs de ligne défensive. On veut voir leur explosivité, voir s’ils ont le potentiel d’être de bons chasseurs de quarts. Les joueurs de front, dans l’ensemble, doivent évidemment démontrer leur robustesse, tandis que les receveurs doivent être rapides et avoir une bonne impulsion verticale. »

En plus de disséquer leurs qualités athlétiques, les dépisteurs tiennent compte de la personnalité et du jugement des candidats. D’ailleurs, pour plusieurs, le test le plus stressant est celui qui peut sembler le plus simple : l’entrevue. Et comme les épreuves sont annulées, les fameuses entrevues pourraient compter pour beaucoup cette année.

Un interrogatoire déroutant

« Souvent, les équipes veulent déstabiliser les joueurs, admet Byron qui s’est lui-même retrouvé devant plusieurs jurys à l’époque où il cherchait à faire sa place chez les pros. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses aux questions. Les dépisteurs veulent surtout évaluer les réactions ou l’esprit de logique des candidats. Il m’est arrivé d’entrer dans la pièce et de me faire dire d’emblée que je ne pourrais jamais être un membre de l’équipe parce que j’étais trop physique, je prenais trop de pénalités. L’idée c’est de ne pas perdre tes moyens, de rester calme. »

Outre les commentaires ou questions quelque peu bouleversants, les équipes interrogent régulièrement les joueurs sur leur historique familial afin de savoir, par exemple, si leurs proches ont eux aussi été sportifs de calibre. Elles demanderont aussi aux joueurs de nommer le joueur de la LCF auquel ils s’identifient le plus. La réponse permet d’évaluer le niveau de confiance du candidat, mais aussi sa connaissance de la ligue. Puis, les comptes de médias sociaux de l’athlète seront aussi scrutés à la loupe. Si plusieurs pensent que leurs publications ne peuvent avoir d’effet sur la perception d’un futur employeur à leur égard, ils se trompent. Conseil de pro de Byron : montrez-vous toujours sous votre meilleur jour, en ligne comme dans la vie.

Quelques noms à retenir

Avant l’annonce émise par la ligue, l’équipe de dépistage a assisté au camp de l’Ontario le 12 mars. Les camps régionaux de l’est et de l’ouest ainsi que le camp national ont tous été suspendus afin de protéger les joueurs et le personnel de la LCF. Nos recruteurs poursuivront donc leur travail depuis Montréal afin de dénicher les perles rares susceptibles d’être encore disponibles au deuxième tour du repêchage le 30 avril prochain. Tandis que les athlètes de l’Est et de l’Ontario sont généralement les mieux cotés, le calibre est assez chez nos compatriotes de l’Ouest cette année, comme la Coupe Vanier a été remportée par les Dinos de Calgary. Parmi les joueurs les plus convoités de notre coin de pays, on compte Jersey Henry, secondeur de Concordia, Benoit Marion et Félix Pelletier, deux joueurs de ligne défensive de l’Université de Montréal, Kyle Rodger, secondeur de l’Université d’Ottawa, Quincy Williams, porteur de ballon de McGill et Marc-Antoine Pivin, un receveur de Laval.