13 mai 2020

L’équipe médicale devra aussi composer avec le COVID-19

Le personnel soignant est au cœur de toutes les discussions ces dernières semaines, et nous ne serons jamais assez reconnaissants pour tout ce qu’ils font pour la population. À notre niveau, nous avons décidé de parler d’un de ceux-là, un que nous connaissons un peu plus que les autres, je veux parler du médecin-chef de notre équipe, Docteur Vincent Lacroix. Le Docteur Lacroix est en charge de l’équipe depuis maintenant 24 saisons, 24 saisons à s’assurer que nos joueurs puissent exprimer leur talent dans les meilleures conditions.

Docteur Lacroix pratique la médecine sportive ainsi que la médecine d’urgence ambulatoire à l’hôpital général de Montréal au Centre universitaire de santé McGill. Il a également travaillé auprès de l’équipe des Canadiens de Montréal pendant près de 14 ans. Ses intérêts en matière de recherche clinique sont les lésions de la paroi abdominale, l’asthme à l’effort, les examens pré participation et les défis éthiques liés au retour à la compétition.  Notre médecin-chef a été entraîneur adjoint de l’équipe de basketball des Redmen de McGill de 1988 à 1993.

Dans une période difficile et très prenante, il nous a gentiment accordé un peu de temps pour nous parler de son rôle avec l’équipe d’une part, mais aussi de ce que le COVID-19 pourrait transformer dans son travail lorsque le football reprendra au Canada…

2 périodes distinctes dans l’année

Le football est un sport unique pour bien des raisons, il l’est notamment pour la durée assez courte de ses saisons et son nombre de matchs. Cela s’explique évidemment par l’intensité physique, les contacts à répétition qui sont très éprouvants pour le corps, ce qui rend le rôle de l’équipe médicale crucial. On peut toutefois distinguer deux périodes dans l’année pour le Docteur Lacroix. » Durant la saison morte, mon rôle est plus concentré sur des moments clés comme la période des agents libres ou encore le repêchage. À la demande du directeur général, je suis possiblement sollicité pour analyser les dossiers médicaux, les blessures antérieures de chacun des joueurs observés ou souhaités. J’ai des discussions avec lui au besoin sur ces sujets, je suis aussi amené à analyser des blessures que certains joueurs ont pu avoir avec d’autres équipes pour aider notre DG et notre entraîneur-chef à décider si tel ou tel joueur peut apporter quelque chose à notre organisation. « 

Ce travail se poursuit aussi au moment du camp d’entrainement durant lequel l’équipe médicale du Docteur Lacroix a son premier contact avec les joueurs. » Je dois m’assurer de bien préparer les examens de présaisons que l’on fait habituellement à l’hôpital général de Montréal. Nous devons évaluer tous les joueurs lors du camp d’entrainement, est-ce que les blessures contractées la saison dernière sont bien rétablies, est-ce qu’il y a d’autres blessures ou conditions médicales à réviser et traiter? « 

Vient ensuite le temps de la saison régulière durant laquelle le travail du Docteur va plus se concentrer sur les blessures subies durant les pratiques ou les matchs, la rééducation ou la réathlétisation des joueurs longuement blessés afin d’avoir des gars à leur plein potentiel le plus rapidement possible.

LA COVID-19 va inéluctablement changer la donne à court terme

Au cours des dernières semaines, on a pu observer un peu partout dans le monde comment était gérée la crise dans les différents sports et différentes ligues. Bien sûr, il y a de graves conséquences économiques pour les organisations, mais la priorité reste la santé des acteurs à savoir les joueurs, personnels et partisans…

La routine annuelle du Docteur Lacroix va forcément être chamboulée cette année avec l’apparition de ce virus. Peu importe le scénario qui sera retenu par la ligue pour cette saison 2020, le camp d’entrainement, s’il a lieu, sera très certainement raccourci et l’équipe médicale ne disposera pas forcément d’autant de temps qu’habituellement pour faire leurs évaluations.  » Ce sera forcément plus compliqué cette année avec le COVID, on peut s’imaginer que les athlètes venant d’un autre pays devront se mettre en isolation durant 14 jours avant de débuter leur interaction avec l’équipe. Mais on ira forcément plus loin que cela, avec des tests de dépistage pour tous les joueurs et les membres du personnel. Nous devons attendre d’avoir la possibilité de faire des tests de dépistage régulièrement et d’avoir les résultats de ces tests rapidement avant de penser pouvoir retourner à des activités de groupe. Pour le moment, les joueurs sont restreints à des entraînements individuels. « 

Une capacité à tester qui sera primordiale selon lui pour assurer la tenue des matchs pour les joueurs. » D’une certaine façon, on pourrait penser que le football sera l’un des derniers sports à pouvoir reprendre ses activités en raison des contacts rapprochés entre les joueurs, mais si nous sommes capables de faire des tests précis et fiables de façon régulière, et ainsi nous assurer que tous les joueurs sur le terrain sont en santé, alors ils pourront jouer de façon sécuritaire. « 

Mais il sera primordial de s’assurer de la fiabilité des tests afin d’éviter une contamination au sein des équipes, qui aurait pour effet de devoir tout probablement placer l’ensemble, sinon une grande partie de l’équipe en isolement et ainsi perturber l’organisation de la saison.  » Il faut toutefois considérer que nos athlètes sont en bonne santé. Une attention particulière devra être portée à ceux qui peuvent avoir des problèmes d’hypertension ou de diabète. Cependant, il faut aussi prendre en compte le fait qu’il y a beaucoup de monde qui gravite autour des joueurs, des personnes un peu plus âgées qui peuvent être un peu plus vulnérables,  » précise le Docteur Lacroix.

Dans les différents scénarios proposés pour la relance du sport à travers le monde, certains ont évoqué la possibilité d’utiliser des masques spécialisés pour jouer, un scénario possible dans le football selon notre médecin-chef.  » Il y aurait toujours la possibilité de modifier les grilles classiques des casques et d’utiliser des visières transparentes pour limiter la dispersion de gouttelettes pendant les entraînements et les matchs, mais là encore si on est capable de s’assurer que l’ensemble des acteurs sur le terrain ne sont ni contaminés, ni contagieux, ce genre d’initiative serait moins nécessaire. « 

Depuis le début de la crise, Docteur Lacroix a communiqué à quelques reprises avec les joueurs et les coachs pour leur donner des informations pertinentes sur le virus, que ce soit sur les consignes sanitaires à respecter ou sur l’évolution de ce dernier, mais son prochain défi sera de s’assurer, une fois que les joueurs auront la possibilité de se réentraîner plus ou moins normalement, d’éviter les blessures musculaires et articulaires après une si longue pause.

Après 24 saisons en charge de l’équipe, le dévouement de notre médecin-chef, et de ses collègues, sera encore plus grand cette année, car peu importe le scénario qui sera retenu pour la saison 2020, un accompagnement sera nécessaire pour tous les joueurs afin de s’assurer que ces derniers puissent s’exprimer de façon sécuritaire sur le terrain.

Merci pour votre temps précieux Docteur Lacroix.