30 juin 2020

Avec la naissance de son garçon, Wieneke espère voir du changement

MONTRÉAL – La famille fait foi de tout pour Jake Wieneke, surtout dans des moments comme ceux-ci.

Quand le receveur des Alouettes de Montréal a percé la formation de son équipe en amont de la saison 2019, il a d’abord appelé ses parents. Ce qu’il ne savait pas, c’est que cet appel allait amorcer un périple d’une saison aux quatre coins du pays.

Ses parents Eric et Susan ont décidé d’acheter une minifourgonnette pour parcourir les quelque 1880 kilomètres en près de 20 heures entre Montréal et leur domicile, au Minnesota. Mais ils ne se sont pas arrêtés là : en plus de visiter le stade Percival-Molson, ils ont assisté à tous les matchs de leur fils en 2019!

« Je n’ai pas vraiment été surpris », a confié Wieneke en riant. « Ils ont assisté à tous les matchs de ma vie. Je ne me souviens pas d’un match auquel ils n’ont pas assisté. Je n’étais donc pas surpris, mais j’étais excité. C’était tout simplement génial de disputer un match sur la route et de savoir que ma famille était dans les gradins. J’avais le sentiment d’être chez moi. »

En plus de ses parents, son frère, Clark, a aussi fait le voyage à quelques reprises, tout comme sa femme, Brenda.

Les innombrables heures passées à parcourir les autoroutes ont porté leurs fruits, car les Wieneke ont eu la chance de voir Jake connaître une excellente première saison au Canada.

Avec l’entraîneur-chef Khari Jones prenant la barre de l’équipe une semaine avant le premier match des Montréalais et avec le quart partant Antonio Pipkin se blessant gravement quelques semaines après le début de la campagne, les Alouettes auraient très bien pu s’écraser avant même de véritablement prendre leur envol. Mais on avait l’impression qu’il y avait quelque chose de spécial qui opérait à Montréal, et ce, tout au long de l’année.

Vernon Adams Jr. a pris la relève et est devenu l’une des vedettes de la campagne 2019. L’une de ses cibles préférées? Jake Wieneke.

Le receveur a terminé l’année avec une récolte de 569 verges et huit touchés en 41 attrapés. Sa meilleure performance est survenue lors de la semaine 15, alors qu’il a capté huit passes pour 134 verges et un majeur. Son plus gros attrapé fut son dernier du match.

Adams avait alors rejoint Wieneke au milieu de la zone des buts grâce à une passe de 15 verges pour permettre aux Alouettes de soutirer une victoire aux Blue Bombers de Winnipeg. Ce faisant, les Oiseaux avaient comblé un déficit de 24 points pour venir à bout de leurs rivaux, la plus importante remontée de leur histoire.

Jones et Adams ont semblé insuffler une nouvelle énergie à l’équipe, et celle-ci a compilé une fiche de 10-8 et s’est assurée d’une participation aux éliminatoires pour la première fois depuis 2014.

« Ç’a vraiment été une année incroyable », a dit Wieneke. « Face l’adversité et à tous les obstacles que nous avons dû surmonter, nous sommes devenus une équipe encore plus unie. Évidemment, nous avons connu du succès, mais nous nous sommes aussi tellement amusés. »

« Chaque jour, en venant nous entraîner et en côtoyant tout le monde, nous nous sommes vraiment unis, en équipe, et nous formions un groupe soudé. J’ai vraiment aimé me rendre au travail tous les jours. C’était ma première saison dans la LCF, et j’en ai profité chaque minute. Je suis vraiment tombé amoureux de mes coéquipiers, de la culture, de la ville de Montréal et de la LCF. Ç’a été très amusant, et ç’a été une très bonne année. »

Les efforts de Wieneke ont été récompensés, puisqu’il a été le candidat de la division Est au titre de recrue par excellence du circuit lors du Gala 2019 de la LCF, présenté par Shaw.

Le joueur de 25 ans en a eu plein les bras au cours de la saison morte. En plus de la rigueur nécessaire dans la préparation physique et mentale en vue d’une saison de football, il est aussi devenu père. Son fils, Israël, est né le 6 mai. Il a également trouvé du travail en tant que professeur suppléant lors de l’éclosion de la pandémie de la COVID-19.

Il est demeuré avec sa famille à Maple Grove, au Minnesota, à environ 15 minutes de Minneapolis. La ville a été l’épicentre de l’un des plus grands mouvements de justice sociale des dernières années à la suite du meurtre de George Floyd.

« Ça fait probablement un peu plus d’un mois, et je pense que beaucoup de bien est ressorti de cette situation et que les gens commencent vraiment à s’unir », a dit Wieneke. « Il y avait évidemment beaucoup de division, au départ, mais, maintenant, il y a des manifestations pacifiques et tout ce qui a entraîné des changements. »

« Je pense qu’au cours des deux dernières semaines, il n’y a eu aucun pillage ou aucune émeute dont j’ai été témoin. Ce sont toutes des choses pacifiques et unificatrices qui se sont produites. J’ai eu la chance de me rendre au service funéraire et de voir de belles choses avec des gens de toutes les ethnies se rassemblant pour apporter du changement. »

« J’en ai parlé à VA (Vernon Adams), nos deux enfants étant nés en mai, le même mois que George Floyd a été assassiné. Nos deux fils vont grandir en tant qu’hommes noirs dans cette société. Nous réalisons que ça pourrait à nos enfants, et ça rend les choses un peu plus personnelles pour moi. En tant qu’homme blanc, il m’est plus difficile de comprendre que mon fils va grandir dans cette société en tant qu’homme noir, et je veux provoquer du changement. »

Le receveur Jake Wieneke célèbre une victoire de son équipe face aux Blue Bombers de Winnipeg au stade Percival-Molson en septembre 2019 (Dominick Gravel/Alouettes de Montréal)

Wieneke n’est pas le seul membre des Alouette à avoir participé aux manifestations et au mouvement dans son ensemble. L’ex-demi offensif James Wilder Jr. a été actif dans sa communauté quand est venu le temps de s’exprimer, et le directeur général Danny Maciocia, le président Mario Cecchini et le demi-offensif Tyrell Sutton ont fait partie des membres de l’organisation qui ont participé aux manifestations à Montréal.

Au cours de cette longue période hors du terrain, Wieneke a appris à apprécier le processus de préparation en vue d’une saison et tout le travail acharné qu’il faut accomplir pour être en pleine forme en prévision de la prochaine campagne.

Une chose est sûre : Wieneke et ses coéquipiers attendent avec impatience le jour où ils pourront rejouer ensemble et lutter pour la chance de remporter la Coupe Grey.

D’après une chronique d’Austin Owens publiée sur CFL.ca.