30 juin 2020

Retour en 2015 avec Sutton : un homme droit, un homme d’honneur…

MONTRÉAL – Ce mardi à compter de 19 h HE, RDS poursuit sa programmation spéciale du Football des Alouettes avec la rediffusion du match du 3 juillet 2015 contre les champions en titre de la Coupe Grey 2014, les Stampeders de Calgary.

Une belle victoire de 29-11 au stade Percival-Molson. Au deuxième match de la saison 2015, les Alouettes se voient obligés d’y aller avec leur jeune recrue derrière le centre Rakeem Cato, âgé alors de 23 ans.

Et ce ne fut pas un problème pour Cato, lui qui avait pu compléter 20 de ses 25 tentatives de passes, pour des gains de 241 verges et trois touchés. Aucune interception! Le jeune homme avait du sang sans froid.

Cato a même surpassé son vis-à-vis Bo Levi Mitchell, qui avait terminé le match avec 244 verges de gains aériens et aucun touché.

La défense des Als, aidée par les 11 plaqués défensifs du secondeur Chip Cox, avait même été en mesure de blanchir l’attaque des Stamps en première demie.

Ce fut là, la première défaite en carrière sur la route pour Mitchell.

Le 3 juillet 2015, les Alouettes avaient blanchi l’attaque des Stamps au cours de la première demie (La Presse Canadienne).

Le vétéran de 11 saisons avec Calgary Nik Lewis jouait aussi pour la première fois contre son ancienne équipe. Il avait terminé le match avec 65 verges de gains sur des réceptions et un touché.

Amassant 134 verges de gains en 25 courses, le demi offensif Tyrell Sutton avait connu l’un de ses meilleurs matchs en carrière, lui qui en était à sa troisième saison dans la Ligue canadienne de football (LCF) et avec les Oiseaux. Cette année-là, il avait terminé au sommet de la Ligue avec 1059 verges de gains au sol, 20 verges devant Andrew Harris.

« J’étais l’homme de la situation », a dit Sutton, à propos de ses succès lors de la saison 2015. « C’était moi et Rutley et nous savions que puisque la position de quart-arrière n’était pas stable, l’unité offensive devait se rabattre sur l’attaque au sol. »

« Je crois que tout le monde a fait du bon travail afin que nous ayons du succès dans cette facette du jeu, avec ce carrousel des quarts. »

Lui qui a connu les hauts, mais surtout les bas des Oiseaux au cours de sa carrière, l’année 2019 des Alouettes est quelque chose que Sutton recherchait lorsqu’il était à Montréal.

« Je voulais faire partie de ça à Montréal pour un bon moment », a-t-il dit. « Ils ont fait un de l’excellent boulot pour transposer l’ambiance du vestiaire sur le terrain. »

« Mais ça ne veut pas dire que les années que j’y étais, l’ambiance du vestiaire n’était pas bonne. Nik Lewis serait le premier à le dire : notre vestiaire était invaincu. Notre groupe était aussi tissé serré que n’importe quel groupe à travers la Ligue. Mais ça ne s’est juste pas transposé sur le terrain. Est-ce que c’était la faute des entraîneurs, du personnel des joueurs? Je ne sais pas trop, mais sur le terrain, ça ne se passait pas. »

Le timing était donc bon pour lui, le 19 février 2020, lorsqu’il a décidé de revenir avec les Alouettes.

« Mon petit garçon vient tout juste de venir au monde et je me suis marié l’an dernier », a dit Sutton. « Tout était réuni afin que je garde ma famille ici à Montréal. J’ai reçu d’autres offres, mais bien que ma conjointe soit une super héroïne, la faire bouger un peu partout avec les enfants… Je ne crois pas que ça aurait été très avantageux pour tout le monde. »

Après presque six saisons avec les Alouettes, Sutton a été libéré pour faire de la place à William Stanback, pendant la saison 2018.

À la suite d’un séjour avec trois équipes différentes – la Colombie-Britannique, Toronto et Hamilton – Sutton a été en mesure de garder la tête haute et toute sa confiance, malgré un dur périple.

« Je me voyais comme une espèce de mercenaire, quelqu’un d’engagé par une équipe afin d’accomplir une tâche particulière », a commenté Sutton. « Je voulais passer toute ma carrière avec une seule équipe, mais comme tous les joueurs dans cette “business” le savent trop bien, ça ne se passe pas toujours comme ça. »

« Mais juste de comprendre que j’apportais quelque chose que ces équipes n’avaient pas, mon seul objectif était de m’intégrer le plus rapidement possible et amener l’équipe le plus loin que je pouvais. Non pas la transporter sur mes épaules, mais simplement de jouer le rôle qu’on me demandait de jouer. »

À son premier départ en carrière, le 3 juillet 2015, le quart des Als Rakeem Cato, avait lancé trois passes de touché (La Presse Canadienne).

Les Tiger-Cats de Hamilton ont été le dernier arrêt de Sutton en 2019, eux qui vivaient un carrousel de porteurs de ballon dans le champ arrière, depuis la blessure du Québécois Sean Thomas Erlington au début de la saison dernière.

En plus d’accomplir de l’excellent travail avec les Ticats, le demi offensif originaire de l’Ohio a pu faire sa première apparition en carrière au cours d’un match de la Coupe Grey, avec le résultat que nous connaissons.

Somme toute une déception pour Sutton.

« Ce fut une sensation douce-amère, bien sûr », a-t-il dit. « C’était la partie la plus importante de ma carrière, je ne voulais certainement pas me faire donner ce genre de volée. J’aurais préféré gagner et célébrer à Hamilton. »

« Après avoir connu la saison que Hamilton avait connu, avec tous ces accomplissements, ces réussites, ç’a terminé en queue de poisson et ça nous a brisé le cœur. »

Peut-être une autre chance avec les Alouettes?

« Oui, tout à fait », a répondu Sutton, du tac au tac. « Le quart-arrière que nous avons est sur la bonne voie, l’entraîneur-chef est un ancien joueur qui comprend ce que nous vivons (en tant que joueur) et il se prépare comme s’il allait jouer un match. Et tout le monde qui l’entoure est dans le même bateau. Tout le monde dans son personnel d’entraîneurs comprend que ce sont les joueurs qui font le match, qui remportent les victoires. »

« La philosophie de l’entraîneur est orientée vers les joueurs. Personne n’essaie de te changer, personne n’essaie de te faire entrer dans une boîte préfabriquée. Les joueurs n’ont qu’à jouer selon leur propre identité afin de représenter l’équipe et les partisans. »

« J’étais l’homme de la situation. C’était moi et Rutley et nous savions que puisque la position de quart-arrière n’était pas stable, l’unité offensive devait se rabattre sur l’attaque au sol. »

– Tyrell Sutton, à propos de ses succès en 2015

Black Lives Matter

Si vous discutez avec Tyrell Sutton, il est impossible de passer à côté de ce qui se passe en ce moment aux États-Unis, en ce qui a trait au racisme et à la discrimination et à toutes les manifestations qui ont lieu partout chez nos voisins du sud, à travers le mouvement « Black Lives Matter ».

Ce racisme et cette discrimination ont cours depuis des lunes aux États-Unis et, dans le cadre d’une initiative de la LCF de laisser s’exprimer ses joueurs et son personnel sur ces questions, Sutton a écrit une lettre coup de poing où il relate son expérience personnelle.

Il est extrêmement inspirant de constater qu’un joueur de football puisse réfléchir sur notre société et l’analyser comme il l’a fait dans son texte.

Et c’est une nécessité pour Sutton de faire partie de cette conversation.

« Le message et la parole des personnes noires ont été noyés et perdus depuis tant d’années », explique-t-il. « Toutes ces personnes qui parlent de leurs expériences, de leurs traumatismes, de leurs situations, de leurs vies… Ça va juste (re) mettre ces questions à l’avant-plan. »

« Beaucoup de gens n’ont pas l’air de comprendre que (le racisme et la discrimination) sévissent pour monsieur et madame tout le monde, à tous les jours. Et pas seulement les riches ou les pauvres, ça arrive à beaucoup de personnes noires à travers le monde. »

« De ne pas faire partie de ce mouvement serait une erreur de ma part, mais en même temps, il y a plusieurs personnes qui se font entendre, alors il est facile de penser que votre voix ne compte pas. Mais il y a tellement de gens autour de vous – famille, cercle d’amis, au travail, etc. – qui ne savent pas ou qui ne comprennent pas que vous avez vécu toute cette transformation dans votre vie. »

« Il y a plusieurs personnes dans ma propre situation qui ont choisi de ne pas parler, mais pour celles qui le font, je vous remercie et je continuerai de le faire de mon côté. »