14 juillet 2020

Retour en 2010 : Cahoon et les Als, dans un festival offensif

MONTRÉAL – Ce mardi sur les ondes de RDS, le match revanche de la 97e Coupe Grey sera à l’honneur à 19 h HE, alors que les Alouettes de Montréal rendaient visite aux Roughriders de la Saskatchewan au Mosaic Stadium de Regina.

Résultat, une victoire des Riders par la marque de 54-51, en double prolongation.

La saison 2009 s’était terminée par une dramatique victoire des Oiseaux au McMahon Stadium de Calgary, au cours du match de la Coupe Grey.

Tout le monde se souvient de l’affaire du « 13e homme ». À quelques secondes de la fin de la rencontre, les Riders menaient par deux points. Le botteur des Als Damon Duval peut donner la victoire aux siens avec un botté de trois points, mais il rate la cible. Les partisans en vert sont euphoriques, mais… Mouchoir. Pénalité pour trop de joueurs sur le terrain. Duval a donc une autre chance. Et cette fois, il ne la rate pas. Les Alouettes soulèvent donc la coupe Grey.

Quelle histoire! On ne se lasse pas de la réentendre ou de la relire.

AU COURS DE LA RENCONTRE DU 1ER JUILLET 2010, KERRY WATKINS (À GAUCHE) ET S.J. GREEN (À DROITE) AVAIENT MARQUÉ DEUX TOUCHÉS CHACUN (LIAM RICHARDS).

AU COURS DE LA RENCONTRE DU 1ER JUILLET 2010, KERRY WATKINS (À GAUCHE) ET S.J. GREEN (À DROITE) AVAIENT MARQUÉ DEUX TOUCHÉS CHACUN (LIAM RICHARDS).

Le 1er juillet 2010, à l’occasion de la fête du Canada, les Als et les Riders amorçaient le nouveau calendrier de la saison de la Ligue canadienne de football (LCF) à Regina, dans un match très attendu.

Pendant ce festival offensif, les Riders tiraient de l’arrière 33-12 au troisième quart, mais ils ont été en mesure de marquer quatre touchés en deuxième demie et deux autres en prolongation pour savourer cette extraordinaire victoire.

Lundi après-midi, celui qui, à sa retraite le 26 janvier 2011, après 13 saisons dans la LCF et avec les Alouettes (1998 à 2010) détenait les records pour le plus de réceptions en carrière dans la LCF, le plus de réceptions en carrière pour un joueur canadien dans la LCF, le plus de réceptions en une saison pour un Canadien, le plus de touchés marqués dans l’histoire des Alouettes, le plus de verges de gains sur des réceptions ainsi que le plus de réceptions en carrière dans les matchs de la Coupe Grey, était au bout du fil pour en parler.

Ben Cahoon, une légende du football canadien.

« Je me souviens fort bien de tout le sentiment de dévastation que ressentaient les joueurs des Riders, à la suite du match de la Coupe Grey en 2009 », a dit Cahoon. « Et je savais qu’ils avaient hâte de rejouer contre nous, mais tu n’as jamais la chance de reproduire l’ampleur et la ferveur d’un match de championnat. »

« Même un semblant de revanche n’allait pas nous enlever toutes les bagues de championnats que nous avions et toutes les bagues de championnats qu’eux (les Riders) avaient à leur portée. »

« Les partisans des Riders sont incroyables, mais ils sont très hostiles », a poursuivi Cahoon. « Ils veulent t’agacer, voire même te harceler. Les partisans qui sont le plus près de notre banc se sont donnés comme mission de nous faire la vie dure. Mais c’est plutôt divertissant. »

Fait cocasse. Au cours de la prolongation, les Riders ont eu la première possession. Touché et transformation de deux points. Au tour des Als, maintenant. Montréal n’a pas pu convertir son troisième essai. Les Riders sont à nouveau euphoriques, mais… Coup de théâtre! Les hommes en vert se sont vus décerner une autre pénalité pour trop de joueurs sur le terrain. Touché et transformation de deux points, la partie était à nouveau dans l’impasse.

Mais au deuxième tour de la prolongation, les Als ont dû se contenter d’un botté de trois points. Deux jeux plus tard, la victoire allait aux Riders.

« Nous ne nous sommes pas préparés autrement pour ce match », a dit Cahoon. « De leur côté, ils avaient la chance de se venger un peu. C’est sûr que pour eux, ç’a certainement augmenté leur motivation. »

« Mais pour ce qui est du plan de match, de la préparation, toutes les parties sont pareilles. On ne veut jamais traiter certains matchs différemment émotivement ou mettre plus de temps pour un match ou pour un autre. »

ANTHONY CALVILLO AVAIT TERMINÉ LE MATCH AVEC UNE FICHE DE 368 VERGES DE GAINS AÉRIENS, QUATRE TOUCHÉS ET UNE INTERCEPTION, ALORS QUE SON VIS-À-VIS DARIAN DURANT AVAIT CUMULÉ 481 VERGES DE GAINS ET CINQ TOUCHÉS (LA PRESSE CANADIENNE).

ANTHONY CALVILLO AVAIT TERMINÉ LE MATCH AVEC UNE FICHE DE 368 VERGES DE GAINS AÉRIENS, QUATRE TOUCHÉS ET UNE INTERCEPTION, ALORS QUE SON VIS-À-VIS DARIAN DURANT AVAIT CUMULÉ 481 VERGES DE GAINS ET CINQ TOUCHÉS (LA PRESSE CANADIENNE).

Né à Orem, en Utah, Cahoon était considéré comme un joueur canadien dans la LCF, entre autres parce que ses parents étaient originaires du Canada et qu’il avait passé une bonne partie de son enfance à Cardston, en Alberta.

Et le principal intéressé a toujours été fier de ses origines canadiennes.

« Je me sens aussi Canadien qu’Américain », a dit Cahoon, en riant un peu. « J’ai grandi au Canada jusqu’à mes huit ans et par la suite, nous sommes déménagés aux États-Unis. Toute ma famille vie au Canada et tous mes ancêtres, également. On peut remonter quatre à cinq générations en arrière. Tous Canadiens, de l’Alberta. »

« Je me considère vraiment comme un Canadien. Je chéris et j’aime mon héritage canadien. J’ai le meilleur des deux mondes. »

Comme Anthony Calvillo, Ben Cahoon a établi plusieurs marques historiques dans la LCF.

Il a aussi soulevé trois fois la coupe Grey (2002, 2009, 2010), en plus d’être nommé à trois reprises sur l’équipe d’étoiles de la Ligue et il détient deux titres de joueur canadien par excellence de la LCF (2002 et 2003).

Et j’en oublie…

À travers tout cela, qu’est-ce qui rend Cahoon le plus fier? L’équipe et le processus, bien sûr…

« On joue pour remporter des championnats », a dit Cahoon. « Le football est un sport fantastique parce que vous avez du travail individuel à faire qui nécessite un peu d’égoïsme afin de bien se préparer pour bien performer. Mais c’est l’ultime sport d’équipe. »

« On commence notre carrière de football en nous disant que nous voulons percer l’alignement. Que nous devons faire ceci ou cela afin de demeurer dans l’alignement une fois qu’on a été sélectionné. Mais rapidement nous changeons notre fusil d’épaule. On se rend compte assez vite que nous dépendons totalement des 11 autres joueurs. Nous jouons tous un rôle individuel, mais nous sommes tous interreliés. Il faut donc trouver un équilibre entre nos performances personnelles et être un excellent coéquipier. »

« Même un semblant de revanche n’allait pas nous enlever toutes les bagues de championnats que nous avions et toutes les bagues de championnats qu’eux (les Riders) avaient à leur portée. »

– Ben Cahoon, ancien receveur des Alouettes de Montréal

Le tandem par excellence

Nous nous en souvenons tous et toutes, le duo Calvillo/Cahoon était redoutable. Cette dynamique a permis au receveur de capter 1017 passes en 224 matchs en carrière, pour des gains de 13 301 verges et 65 touchés.

De plus, en 23 matchs éliminatoires, il a attrapé 92 ballons, pour des gains de 1353 verges et cinq touchés.

Cahoon a connu neuf saisons de plus de 1000 verges de gains sur des réceptions, dont huit de suite de 2002 à 2009.

Tout simplement époustouflant.

« C’est difficile à dire, c’est juste arrivé », m’a répondu Cahoon lorsque je lui ai demandé comment la relation entre lui et Calvillo s’était développée de façon si exceptionnelle sur le terrain. « Nous nous sommes joints aux Als pas mal au cours de la même année et lui jouait derrière Tracy Ham et moi, je tentais de grappiller un peu de temps de jeu. »

« Nous avons commencé le tout sur la formation d’entraînement et nous jouions le rôle de l’attaque adverse. Chaque semaine, nous aidions notre défense à se préparer pour l’affrontement hebdomadaire. »

« Nous avons donc commencé à façonner notre chimie de cette manière et heureusement pour moi, je suis devenu un gars sur lequel il (Calvillo) pouvait s’appuyer. Lorsque vous jouez aussi longtemps ensemble, il faut tenter de toujours reconnaître et décoder ce que l’autre veut faire. »

« Je me considère très chanceux d’avoir pu jouer avec lui aussi longtemps. »

Et sont-ils devenus de bons amis?

« Lui as-tu posé cette question? », me répond du tac au tac Cahoon, voulant savoir ce que Calvillo avait peut-être dit, la semaine dernière, lors de notre entrevue.

Non, nous n’en avons pas parlé.

« Je le considère comme un très bon ami », a poursuivi Cahoon. « J’ai beaucoup de respect pour lui en tant qu’être humain, en tant que père, en tant qu’époux, en tant qu’entraîneur et en tant que leader. »

Voilà, tout est dit. Un duo qu’il sera difficile de revoir de sitôt dans la LCF.