7 août 2020

Martin Bédard a une pensée pour les joueurs des Huskies

Le spécialiste des longues remises des Alouettes Martin Bédard a eu une pensée pour les joueurs des Huskies quand l’Université du Connecticut a décidé d’annuler sa saison de football 2020 en raison de la pandémie de la COVID-19.

Il a enfilé le chandail de cette équipe de 2006 à 2008 et il ne pouvait faire autrement que de sympathiser avec les athlètes. « C’est un feeling qui doit être extrêmement difficile pour les gars. Ils s’entraînent tout l’été en prévision du football et ils ne pourront exercer leur sport », relate Bédard.

Le joueur de 36 ans n’oubliera jamais ses années à son alma mater. Non seulement pour les amitiés qu’il a développées mais c’est à cet endroit qu’il a appris la vie, qu’il est devenu un homme responsable, un bon joueur de football et un être discipliné.

Martin venait à peine de partir au Connecticut au printemps que son frère frôle la mort. Il s’est battu après une opération subie pour un cancer du sacrum et aujourd’hui tout va bien. Mais Bédard a eu une bonne frousse de perdre une partie de lui. Il a encaissé un dur choc et a pensé revenir au bercail pour de bon.

Seul dans un nouveau pays, une nouvelle ville, un calibre de jeu plus fort, plus rapide où les adversaires laissent des traces quand ils frappent… Bédard se sent seul devant une montagne… Ce n’est pas sans crainte qu’il est parti chez nos voisins du sud. À Storrs, il se sent loin de Vanier au Québec là où il a grandi…

Il parle à peine la langue de Shakespeare et communiquer avec ses entraîneurs est un défi de taille. Le jeune homme a un talent certes mais le barrage de la langue peut devenir un handicap de taille. Bédard doit regarder les autres pour comprendre les jeux et ce que demandent les entraîneurs.

La veille d’enfiler le chandail des Huskies et de fouler le terrain pour son premier match universitaire, le destin frappe la nouvelle coqueluche du campus. Il apprend que sa maman, sa confidente et meilleure amie vient de perdre sa bataille contre le cancer. Le jeune homme est atterré et 24 heures plus tard, il devra répondre « présent » sur un terrain de football.

Ce jour-là, près de 40,000 fans seront dans les gradins et acclameront les Huskies. Bédard est songeur… Les fans voudront voir le nouveau venu que les médias vantent depuis le début du camp. Celui qui a besoin d’un interprète en entrevue, qui parle uniquement dans la langue de Molière n’aura pas le droit à l’erreur et il devra mettre un baume à sa peine et rapidement. Il a reçu une bourse des Huskies et il devra démontrer son talent …

À l’aube du match, assis devant son casier le footballeur voit sa carrière déambuler dans sa tête. Il repense à tous les sacrifices qu’il a faits pour recevoir l’offre de cette prestigieuse université. Ses heures dans les gymnases sombres et froids à pousser de la fonte jusqu’à ce que la dernière série le prive de toute son énergie. Les soirées où il a dû rester bien sage chez lui la veille d’une partie. Il a une pensée pour ses amis, ses proches qu’il a laissés derrière lui au Québec. Il en est conscient, il a la chance d’une vie et plusieurs aimeraient être à sa place. Il se retrousse les manches et jouera le match pour sa maman. Il entre dans le bureau du coach et lui fait part de sa décision.

« Je ressentais un drôle de feeling, d’un côté je vivais un deuil, je perdais une partie de moi-même et en même temps je réalisais mon rêve de jouer dans la NCAA. Je me suis dit que je voulais rendre fière ma mère et j’ai joué ce match pour lui rendre hommage. »

Près de 12 ans après cette expérience, Bédard parle de ses années au Connecticut comme des plus belles années de sa vie. Il a appris à devenir un joueur de football professionnel, a obtenu un baccalauréat en psychologie et est devenu bilingue.

« Je suis sorti tellement grandi de cette expérience, j’ai pris confiance en mes moyens et l’adversité m’a rendu plus fort et meilleur à tous les niveaux. Sans compter tous les amis que je me suis faits là-bas ».