15 janvier 2021

Le DÉbut D’une Belle Et Grande Histoire

En janvier 1946, Lew Hayman achète le club de football les Hornets de Montréal, qu’il souhaite remplacer par une nouvelle formation qui évoluera au sein de l’interprovincial Rugby Football Union (également connue sous le nom de Big Four) en compagnie des Argonauts de Toronto, des Rough Riders d’Ottawa et des Tigers de Hamilton. Baptisée Les Alouettes, l’équipe est immédiatement adoptée par les Montréalais, qui sont toujours heureux d’encourager une équipe gagnante. À leur toute première saison, ils en impressionnent plus d’un en terminant au premier rang du Big Four. Ils se permettent même d’établir un record d’assistance pour un match de football au Canada, quand 24 000 spectateurs délirants se massent dans le stade Delorimier le 16 novembre 1946 pour assister à un premier match éliminatoire que les Alouettes perdront par la marque de 12 à 6 aux mains des Argonauts de Toronto.

DES HOMMES

Le 16 janvier 1946, Lew Hayman, célèbre pour avoir dirigé des équipes championnes à quatre reprises, est nommé directeur et instructeur du club de football de Montréal. Dès lors, lui et son associé, Eric Cradock, partent à la recherche d’un homme de football montréalais qui leur permettrait de susciter l’enthousiasme auprès des Canadiens francais, qui s’intéressent peu au football. Ils contactent alors Léo Dandurand, connu à Montréal pour son implication dans le monde du hockey et des courses de chevaux. Quelques semaines plus tard, Dandurand confirme à Hayman qu’il accepte de s’associer à son projet. Voici donc que, après avoir été copropriétaire et directeur général du Canadien de Montréal de 1921 à 1935, Léo Dandurand devient le fer de lance des Alouettes de Montréal.

En plus de M. Dandurand, le premier bureau de direction de la nouvelle équipe sera formé du vice-président William Wray, du directeur général Lew Hayman, du secrétaire-trésorier Joe Ryan, des directeurs Lucien Beauregard, C.R. et Eric Cradock, et de Fred Porter, représentant de l’Interprovincial Rugby Football Union.

Le 20 mai, un dîner d’inauguration a lieu au club Saint-Denis, marquant le coup d’envoi d’une fabuleuse aventure qui se poursuit encore aujourd’hui. On y annonce officiellement que le club portera le nom des Alouettes et que les matchs locaux auront lieu au Stade Delorimier, domicile des Royaux de Montréal de la Ligue internationale de baseball.

LES ALOUETTES

Sans que personne ne sache véritablement le fond de l’histoire, deux versions circulent au sujet des origines du nom de l’équipe. Selon la première, Lew Hayman et Léo Dandurand auraient décidé de baptiser ainsi leur club après avoir entendu un groupe de fêtards entonner le chant folklorique Alouette, gentille Alouette, alors qu’ils se trouvaient à l’hôtel Windsor. Selon la seconde version, le nom de l’équipe aurait été suggéré par Lew Hayman en hommage à un glorieux escadron de l’aviation royale canadienne, qu’on surnommait les « Alouettes ». Quoi qu’il en soit, depuis lors, ce nom évoque le football canadien à Montréal.

UN PREMIER CAMP D’ENTRAINEMENT

Le 27 juillet 1946, la direction des Alouettes lance une invitation aux joueurs de rugby de la métropole à participer aux séances d’entrainement qui seront organisées au début du mois d’août pour former la nouvelle équipe. Par la même occasion, on annonce la signature de l’ailier tout étoile de l’université Queen, Pete King.

Le 5 août 1946, à 18h, sur le terrain du Lower Canada College situé dans l’ouest de la ville, s’ouvre le premier camp d’entrainement de l’histoire des Alouettes. Le 21 août, le journal La Patrie révèle l’identité des deux premiers athlètes américains qui se sont présentés au camp. Il s’agit des joueurs d’arrière Willy Spencer et Virgil Wagner. Celui-ci sera la première véritable étoile des Alouettes, terminant la saison avec 65 points, à égalité avec Joe Krol des Argonauts au premier rang des compteurs de la ligue. Nos Alouettes disputeront ensuite deux matchs préparatoires contre les puissants Blue Bombers de Winnipeg, champions de l’Ouest. Ils perdront le premier match 17 à 6, mais prendront leur revanche 24 à 0 deux jours plus tard.

CINQ AMÉRICAINS

En 1946, chacune des équipes ne peut compter dans ses rangs que cinq joueurs américains. Pour cette première saison de leur histoire, les Alouettes alignaient John Moody, Rafe Nabors, Wally Spencer et leurs deux vedettes Virgil Wagner et Herb Trawick. Ce dernier, Moody et George Edwards étaient d’ailleurs les trois premiers Noirs à jouer au football à Montréal.

UN SUCCÈS INSTANTANÉ

La première rencontre régulière des Alouettes sera présentée le 7 septembre 1946 au stade Oakwood de Toronto, où ils tiendront en respect les Argonauts lors d’un match nul de 10 à 10. Virgil Wagner aura l’honneur de marquer le premier touché de l’histoire de l’équipe, au deuxième quart.

Par la suite, après avoir perdu au compte de 4 à 0 contre Ottawa et remporté leur première victoire 24 à 1 contre les Tigers à Hamilton, les Alouettes disputent leur premier match local le 29 septembre devant une foule enthousiaste de 13 722 spectateurs entassés dans le stade Delorimier. Les partisans ne sont pas déçus, puisqu’ils assistent à une brillante victoire des leurs, qui battent encore les Tigers, cette fois 21 à 6. Lentement mais surement, la fièvre du football s’empare de Montréal.

UNE IRRÉSISTIBLE POUSSÉE

À la mi-saison, les Alouettes montrent un dossier respectable de 2 victoires, 2 défaites et 2 matchs nuls. S’amorce alors une poussée de quatre victoires consécutives au cours de laquelle ils battront les trois autres clubs du Big Four et se hisseront au sommet du classement. Au terme de la saison, Alouettes et Argonauts sont à égalité, mais les Montréalais sont désignés vainqueurs, ce qui leur vaut de disputer la finale du Big Four devant leurs partisans.

C’est devant 24 000 partisans, la plus importante foule à avoir assisté à un match de football au Canada, que les Alouettes seront vaincus par les Argonauts par le score de 12 à 6, malgré un beau ralliement en seconde demie. Malgré cette fin de saison un peu décevante, les Alouettes peuvent dire mission accomplie. Au terme d’une année plus qu’excitante, trois de leurs joueurs (Steck, Trawick et Wagner) seront nommés au sein de l’équipe d’étoiles du Big Four.

Extraits du livre LA GRANDE HISTOIRE DES ALOUETTES (Pierre Turbis – Pierre Bruneau)