24 mars 2021

Dante Absher, un joueur qui a du coeur sur le terrain…et en dehors

À trois matchs de la fin de la saison 2019, Dante Absher a finalement eu l’opportunité de faire ses débuts professionnels, un moment qu’il attendait depuis qu’il avait mis pied sur un terrain de football pour la toute première fois en deuxième année. Il s’était fait couper de l’équipe après le camp quelque mois plus tôt mais on l’avait ramené pour joindre l’équipe d’entraînement. Il a travaillé fort toute la saison espérant qu’il obtiendrait sa chance.

Son moment de briller est finalement arrivé le 26 octobre 2019 alors que les Alouettes affrontaient les Tiger-Cats. « Montréal m’a donné ma première opportunité. J’étais content de finalement pouvoir montrer ce dont j’étais capable et de donner un beau spectacle. »

Il a assez bien joué pour être promu au poste de receveur partant le match suivant. Ses 8 réceptions pour 84 verges et un touché ont montré à Khari Jones qu’il serait capable de compétitioner lors du match éliminatoire contre Edmonton. Avec Chris Matthews et DeVier Posey sur la liste des blessés, la pression était élevée sur Absher. Il a géré ce stress d’une manière remarquable et a terminé le troisième match de sa carrière professionnelle avec 5 réceptions pour 60 verges. « Je repense à ce moment au moins deux fois par semaine. J’y pense tout le temps. »

Pour arriver là où il en est aujourd’hui, le chemin a été long et sinueux pour le receveur de six pieds trois pouces et 180 livres. En 2012, il reçoit une bourse partielle pour Glenville State, une petite université de Division II située en Virginie, son état natal. Il garde le poste de receveur partant durant ses quatre années et participe à 43 matchs, durant lesquels il amasse 214 réceptions pour 2670 verges et 29 touchés. Il laisse sa marque en se classant au quatrième rang de l’histoire de Glenville State avec 214 réceptions en carrière, et cinquième pour le plus grand nombre de verges sur réception avec 2669.

L’année suivante, il est invité au mini camp des recrues des Cardinals de l’Arizona, mais doit se désister suite à une blessure au ménisque. Suite à son rétablissement, il obtient quelques opportunités de pratiquer avec différentes équipes, mais à son grand désarroi ne reçoit aucune offre sérieuse. C’est en octobre 2018 qu’il verra sa patience et sa persévérance porter leurs fruits, alors qu’il reçoit un appel des Alouettes. Un mois plus tard, il signe son premier contrat professionnel.

Absher n’a que des beaux souvenirs de son expérience à Montréal et est excité à l’idée de revenir pour la saison 2021. « Je n’ai jamais fait partie d’une équipe qui avait autant de camaraderie. Je croyais que j’aurais été nerveux, mais tout m’est venu si naturellement à cause de tout l’amour que je ressentais dans l’équipe. Je ne pourrais pas demander mieux pour quelqu’un pour m’épauler que Vernon.  Quand je pense à un leader, je pense à Vernon. »

Le jeune homme est aussi reconnaissant d’avoir eu la chance d’apprendre de vétérans d’expérience comme B.J. Cunningham et DeVier Posey. « Ces gars sont des légendes, de grands, grands vétérans. Quand j’ai eu mon poste de partant, ils étaient sur les lignes de côté à m’encourager. Ils étaient si contents de me voir jouer et d’avoir du succès. Je n’ai jamais senti de jalousie ou de compétition. »

Dans un monde parfait, il aurait continué sur sa lancée et serait retourné à Montréal le printemps suivant prêt à se battre au camp d’entraînement pour son poste de partant. Mais la pandémie est survenue et la saison a été annulé. Au lieu de s’attarder sur le négatif, il a profité de la saison morte prolongée pour redonner à ceux dans le besoin. « J’ai toujours voulu aider les gens, redonner à ma communauté et utiliser mon nom pour faire une réelle différence. »

En novembre 2020, Absher a travaillé avec Hearts of Empowerment, un organisme à but non lucratif fondé par son ami Correy Faciane. Ensemble, ils ont mis sur pied la campagne Fall Giveback, une initiative pour fournir aux sans-abris les ressources nécessaires pour les aider à passer à travers l’hiver.

C’est une rencontre avec un itinérant à Montréal quelque mois plus tôt qui l’a inspiré à prendre action. Durant la saison 2019, à chaque fois qu’il revenait de ses pratiques, il voyait le même homme sans-abri à sa station de métro. Il s’est senti interpellé de l’aider, premièrement en lui donnant quelques dollars et ensuite en lui apportant des repas.

« J‘ai commencé à lui parler un petit peu. Point. Je voulais entendre son histoire. Pas parce que je lui donnais de l’argent et de la nourriture; Juste parce que je pensais qu’il n’avait peut-être pas d’amis à qui parler. »

Christopher a raconté à Dante à quel point les hivers sont brutaux et comment plusieurs itinérants meurent d’hypothermie. C’est à ce moment que le jeune receveur a su qu’il devait prendre action et a communiqué avec Hearts of Empowerment. « Les hivers sont difficiles à D.C. également, donc je voulais faire une collecte de vêtements, de dons et d’argent. Je voulais trouver un moyen d’aider les moins fortunés. »

La collecte qui a pris place à D.C. aux États-Unis, endroit de plus en plus affecté par la gentrification, a été un énorme succès. « On a reçu plus de 20 000 items. Il y avait des sacs à dos, des manteaux, des chandails, des pantalons, des chaussettes, des ensembles pour l’hygiène. On avait de la nourriture à distribuer également. Beaucoup d’amis et de membres de ma famille sont venus aider, dont un de mes bons amis Lucky Whitehead, qui joue pour Winnipeg. On est resté dehors pendant au moins dix heures.”

C’était la première fois qu’il participait dans une campagne de cette magnitude, mais certainement pas la dernière. « Je souhaite refaire ça à chaque année, et que ça prenne plus en plus d’ampleur. »

« C’était incroyable de voir tous ces sourires sur leur visage. Je veux juste aider, de quelque manière que ce soit. On a tous nos problèmes, mais ça remet les choses en perspective et ça nous rappelle que beaucoup ont la vie pas mal plus difficile que nous. »