26 mars 2021

« L’élection de Marv aurait un impact marquant sur le Temple » – Bill Polian

Bill Polian a fait connaissance avec Marv Levy chez les Alouettes de Montréal en 1976. Les deux hommes ont été professionnellement presque inséparables par la suite.

Polian, qui a été l’architecte des Bills de Buffalo qui ont pris part à quatre Super Bowl consécutifs au début des années 1990 et des puissants Colts d’Indianapolis dans les années 2000, ne se fait donc prier quand vient le temps d’appuyer la candidature de Levy pour le Temple de la renommée du football canadien.

« Marv a eu un effet sur chaque personne qui a joué ou travaillé pour lui. Il touche d’une façon bien réelle et tangible chaque personne qui entre en contact avec lui. Surtout ceux qui sont autour de lui quotidiennement, car il est si inspirant », a raconté Polian.

C’est l’impact que Levy a sur la vie des gens, bien au-delà du football, qui impressionne le newyorkais. « Il est l’exemple le plus rayonnant que je puisse penser à propos de ce qui est bon dans notre sport et dans l’humanité, à plusieurs égards », a ajouté Polian avec beaucoup d’émotion dans sa voix.

En plus d’être un ami et un ancien collègue de Levy, Polian fait également partie du comité de sélection du Temple de la renommée du football américain. « C’est ma première année sur le comité et je viens tout juste de passer à travers du processus de sélection. J’apporte donc un point de vue différent à la discussion. Être un membre du Temple demande de l’excellence, ce qui est un acquis avec Marv. Les victoires, les Coupes Grey et tout, en plein âge d’or de la LCF », a expliqué Polian.

« L’appartenance au Temple est une rue à deux sens. Certes, elle confère de l’honneur au récipient, mais si l’élu possède un caractère de fer, une impressionnante liste d’accomplissements, qu’il est admiré par les gens de sa profession à travers l’Amérique du Nord, cela ajoute du prestige et du cachet au Temple qui inclus cette personne, et c’est le cas avec Marv », a-t-il continué.

Lui-même intronisé à Canton en 2015, Polian croit suffisantes les cinq années que Marv a passé à Montréal pour mériter son intronisation au Nord de la frontière. « Son passage dans la LCF a probablement été plus court que la plupart des intronisés mais son impact sur le circuit, en raison de la façon dont il a excellé tout au long de sa vie, de sa carrière et surtout, de son caractère, aura un impact marquant sur le Temple canadien. C’est au-delà de tout ce que Marv a pu accomplir sur le terrain. »

Inséparables

Les chemins de Polian et Levy se sont d’abord croisés à Montréal en 1976, alors que Levy dirigeait les Alouettes pour une quatrième saison et que Polian venait d’y être embauché comme dépisteur. « Lors de la fin de la saison, juste avant les éliminatoires, j’ai reçu un appel me disant de venir à Montréal et que Coach Levy voulait me parler. J’étais étonné qu’il veuille me rencontrer. Il m’a dit qu’il avait lu mes rapports; Seul Marv aurait lu les rapports d’un obscur dépisteur! Il m’a dit qu’il croyait que j’avais un avenir dans ce domaine, que j’étais un atout pour l’organisation et qu’il voulait m’accorder un plus grand rôle », s’est rappelé Polian, champion du Super Bowl XLI avec les Colts d’Indianapolis.

Après avoir remporté la Coupe Grey de 1977 devant une foule record de 68 318 spectateurs au Stade olympique, Levy a été nommé entraîneur-chef des Chiefs de Kansas City. L’une de ses premières embauches a été de nommer Polian dépisteur professionnel.

La pire erreur de Lamar Hunt

Levy a ensuite offert un dernier boulot à Polian avec le Blitz de Chicago dans la USFL en 1984. Les rôles ont ensuite été inversés. « Quand la USFL a plié bagages, j’ai eu la chance de devenir le directeur du personnel des joueurs des Bills de Buffalo avant d’être nommé directeur général en 1986. Quand est venu le temps de changer d’entraîneur, je ne pensais qu’à une seule personne et c’était cCoach Levy», a raconté celui qui anime sur les ondes du canal radio de la NFL sur SiriusXM.

« Je l’ai recommandé au propriétaire, Monsieur Ralph Wilson, qui a fait ses devoir en s’informant auprès du propriétaire des Chiefs, Lamar Hunt. Ce dernier a dit que la plus grande erreur qu’il a commise dans sa vie du côté football, c’est d’avoir congédié Marv. Vous connaissez la suite de l’histoire », a ajouté Polian.

Le tandem Polian-Levy a été responsable d’une vague de succès assez unique, alors que les Bills ont remporté pas moins de six championnats de division, ont pris part aux éliminatoires à huit reprises et ont participé à quatre Super Bowls consécutifs.

Succès LCF = succès NF

Polian est aussi convaincu que le succès que Levy a connu dans la NFL est en grande partie dû à ses années passées à Montréal. « Aucun doute, répond-il sans hésiter. Nous avons embauché l’ancien quart de la LCF Tom Clements à Kansas City pour être notre quart substitut car il savait comment notre attaque fonctionnait et pour être un mentor auprès de nos jeunes quarts. Tom était l’ultime professionnel. »

« De plus, Marv a eu un gros impact sur la LCF durant ses années à Kansas City et à Buffalo. D’abord, parce qu’il a apporté les éléments de l’attaque Wing T à Kansas City, ce qui était différent de n’importe quoi qui avait été fait dans la NFL. Il a aussi apporté un accent renouvelé envers les unités spéciales. »

Buffalo étant si près de la frontière canadienne, à 100 kilomètres du Temple de la renommée du football canadien pour être précis, les succès de Marv ont rejailli sur la LCF.

« Si l’animateur d’ESPN, Chris Berman, parle du match de la Coupe Grey à chaque année, c’est parce qu’il connait Marv et qu’il est son ami. Il reconnaissait à quel point l’expérience de Marv dans la CFL a contribué à ce qu’il a fait à Buffalo », a raconté Polian qui a été nommé l’exécutif de l’année dans la NFL à six reprises. « Il y avait une symbiose. Sans Marv à Buffalo, je ne crois pas que la LCF aurait obtenu le même genre de couverture qu’elle a obtenu à ce moment », a-t-il dit.

L’excellence se ressemble

Au cours de sa carrière dans le monde du football, Polian a côtoyé deux grands entraîneurs qui ont reçu un veston doré à Canton, soit Marv Levy et Tony Dungy. Après avoir repêché Peyton Manning en tant que directeur général des Colts, Polian s’est mis à la recherche de l’entraîneur qui allait les mener à la terre promise. Tony Dungy était le favori pour obtenir le poste et Polian l’a donc convié en entrevue.

« Au cours de l’entrevue, je lui ai demandé comment il comptait préparer l’équipe de l’ouverture du camp jusqu’à la fin de la saison. Il me donnait une réponse très détaillée avant de s’arrêter et de me demander ce qui me faisait rire, car il a dit que je souriais. Je me suis excusé et je lui ai dit que ce qu’il me racontait, je l’avais entendu verbatim de la part de Marv. C’est exactement comment on faisait les choses à Kansas City et à Buffalo. Leur approche était exactement la même. »

« Et il n’existait aucun lien entre les deux hommes, si ce n’est que Marv avait essayé de convaincre Tony de venir à Montréal pour être le successeur de Sonny Wade, alors que celui-ci se préparait à prendre sa retraite. » Dungy venait alors de compléter son stage universitaire en tant que quart partant des Gophers de l’Université du Minnesota où son substitut était un certain Marc Trestman…