31 mars 2021

Anthony Calvillo Sur La Violence Conjugale : Il Faut En Parler !

La violence conjugale est un sujet qui malheureusement a bien refait surface ces dernières semaines au Québec. Alors que la pandémie a obligé pas mal de monde à rester à la maison, elle a indirectement provoqué une augmentation des cas de violences conjugales.

Selon le gouvernement du Québec, la violence conjugale se différencie principalement des « chicanes de couple » par le fait qu’il y a un déséquilibre dans la répartition du pouvoir entre les partenaires.  La violence conjugale comprend différentes formes de violence : psychologique, verbale, économique, physique, sexuelle, et elle peut se manifester sous plus d’une forme à la fois. (https://www.quebec.ca/famille-et-soutien-aux-personnes/violences/violence-conjugale/)

Alors pour venir en aide aux femmes, mais aussi aux enfants victimes collatérales de ces violences, nous sommes entretenus avec notre ambassadeur et ancien quart-arrière Anthony Calvillo, qui, à travers son histoire et son témoignage, a tenu à faire passer un message qui repose avant tout sur l’aide, de l’aide qu’il faut demander, pour les femmes et les enfants bien sûr, mais aussi pour ces hommes qui ont besoin de ressources pour enrayer ce fléau.

« Mon expérience avec les violences conjugales remonte à mon enfance. Je n’en avais jamais parlé avant 2011 lorsque la LCF avait fait un documentaire sur ma vie. Je me souviens avoir dit au producteur que je ne souhaitais pas parler de mon père, mais ma mère voulait le faire donc j’ai décidé de rendre cette histoire publique. Cela n’arrivait pas tout le temps et c’est ce qui est effrayant, tu passes d’une journée normale à une autre durant laquelle la personne devient violente et là tu deviens nerveux… »

Il existe malheureusement plusieurs raisons qui engendrent la violence conjugale et d’autres facteurs peuvent aussi venir aggraver le tout. Parmi ces facteurs, l’alcoolisme.

« Mon père était alcoolique et certains jours après avoir trop bu il en venait aux mains sur ma mère, mais nous étions de jeunes enfants on ne pouvait rien faire, les jours qui suivaient étaient très bizarre car personne n’osait en parler. »

En parler, c’est justement là que réside une bonne partie du problème car la peur et l’incompréhension viennent contrecarrer les tentatives de sortie de crise.

« Quand tu vois cela régulièrement en tant qu’enfant tu peux penser que c’est normal mais c’est en grandissant que tu te rends compte que ça ne l’est pas…J’ai longtemps garder cela pour moi, je n’osais pas trop en parler que ce soit avec ma mère ou d’autres proches. Et puis cela s’est arrêté le jour où mon grand frère qui devait avoir 13 ans s’est dressé devant mon père qui devenait à nouveau violent en le menaçant, et en lui disant que ça devait s’arrêter. Voir un enfant de 13 ans se dresser comme cela pour protéger sa mère, ça ne devrait pas arriver, mais au moins après cela, mon père à commencer à s’éloigner. »

Les femmes sont bien entendu les premières victimes de ces violences, mais les enfants, comme Anthony à l’époque, sont des victimes collatérales. Ces expériences extrêmement traumatisantes viennent marquer ces enfants et représentent malheureusement une menace pour la suite.

« Mes enfants n’ont découvert cette histoire que l’an dernier lorsque nous nous sommes assis ensemble pour regarder le reportage de la LCF, je voulais qu’ils comprennent d’où je venais, ce que j’ai vécu et ce que j’ai fait pour faire en sorte que leurs vies soient meilleures. Tout cela m’a enseigné que je ne voulais pas de ces histoires d’alcoolisme dans ma famille. Je savais que je n’étais pas quelqu’un de violent et que je saurai prendre soin de ma femme plus tard, mais je ne voulais pas que ma famille vive ce que j’ai vécu. Au final, le climat que nous créons à la maison va influencer le comportement de nos enfants donc c’est très important de faire attention. »

On sait que beaucoup d’hommes deviennent violent en reproduisant malheureusement le modèle vu durant leur enfance mais pour Anthony, ce n’est pas une fatalité.

« On apprend beaucoup de choses de nos parents, même nos caractères ou notre façon de vivre, mais je reste persuadé que l’on reste maitre de sa vie, de notre façon de faire, on a donc le pouvoir de changer les choses pour que cela n’arrive pas dans nos vies. »

Cette éducation doit même se faire avec les jeunes filles. Ces situations ne sont pas normales, c’est le message à marteler. Aucune femme ne doit vivre une situation de violence conjugale que ce soit physique ou psychologique, et les plus jeunes femmes doivent reconnaitre les signes annonciateurs au plus vite afin de prendre les bonnes décisions dès le départ.

« Je parle beaucoup de sécurité en général à mes deux filles. Je veux qu’elles comprennent que lorsque viendra le temps des relations, aucune violence physique ou psychologique n’est acceptable, les personnes qui partageront leurs vies devront les aimer et les respecter pour ce qu’elles sont. »

Le message de notre ancien quart-arrière se veut avant toute chose aidant.

« Si mon témoignage peut aider certaines personnes à s’en sortir de quelques manières que ce soit…si vous avez une chance de changer les choses, de briser le cycle de la violence, il faut le faire, il faut aller chercher de l’aide, en parler à des proches, vos professeurs, vos amis, même auprès de l’Église si vous êtes religieux, même si vous n’osez pas en parler aux personnes directement concernées. Tout ceci n’est pas normal et personne ne mérite de vivre cela que ce soient les femmes ou les jeunes enfants. »

Ce témoignage a pour premier objectif de venir en aide aux personnes qui en auront besoin. Bien évidemment toutes ces femmes qui vivent cette maltraitance au quotidien, mais aussi les enfants qui comme Anthony ont vécu ou vivent ces moments d’angoisses.

Tous ces hommes violents également, qui eux aussi, ont le pouvoir de faire cesser tout cela en allant chercher de l’aide.

Mais surtout tout le monde, car nous pouvons tous être témoin d’une scène qui peut nous paraitre mineure mais qui cache peut-être un problème bien plus grave.

Dans tous les cas, de l’aide existe et nous tenions à répertorier une liste de ressources disponibles pour que tous ces problèmes cessent au plus vite.

Merci Anthony

AIDE :

911 – POLICE – En cas de doute, n’hésitez jamais à faire le 9-1-1.

Les policiers et les policières sont formés pour intervenir rapidement auprès des victimes et des personnes violentes selon des techniques d’approche qui permettent de sécuriser les personnes, de calmer la situation ou de maîtriser une personne dangereuse. https://www.inspq.qc.ca/violence-conjugale/victimes

SOS VIOLENCE CONJUGALE

La mission de SOS violence conjugale est de contribuer à la sécurité des victimes de violence conjugale et à la réduction de la violence conjugale et de ses conséquences en offrant des services aux victimes, à la population et à toutes les personnes touchées par la violence conjugale. https://sosviolenceconjugale.ca/fr

REGROUPEMENT DES MAISONS POUR FEMMES VICTIMES DE VIOLENCE CONJUGALE

Dans une perspective de prévention, il déploie un éventail de stratégies pour aider tous les acteurs de la société québécoise à mieux comprendre, dépister et agir en matière de violence conjugale. https://maisons-femmes.qc.ca/

À CŒUR D’HOMMES

Réseau d’aide aux hommes pour une société sans violence est une association regroupant 31 organismes communautaires autonomes répartis sur l’ensemble du territoire québécois qui viennent en aide aux hommes aux prises avec des comportements violents en contexte conjugal et familial. Elle a comme objectif d’encourager la prévention des violences conjugales et familiales et d’actualiser le développement et la consolidation d’un réseau d’aide aux hommes pour une société sans violence. https://www.acoeurdhomme.com/