19 septembre 2022

Micah Awe trouve une manière de régler une problématique récurrente dans le football

Awe, Micah #2 of the Montreal Alouettes

Pour plusieurs, 2020 fut une année perdue en raison de la pandémie. Ce fut le cas pour les joueurs de la LCF qui ont vu leur saison annulée. Comme certains, Micah Awe, secondeur des Alouettes, s’est réinventé. Il a utilisé son temps libre pour trouver une solution a un problème qui persiste depuis longtemps au football.

Alors qu’il résidait à Chicago, Awe a appris de manière autodidacte à coder des applications. Il a finalement créé PurpleShift, une application destinée au recrutement des athlètes et servant à évaluer de manière objective les capacités physiques des sportifs. Les athlètes peuvent télécharger des vidéos de course d’eux-mêmes sur des distances différente, et l’application PurpleShift mesurera leur temps avec précision.

L’idée de créer une telle application lui a été inspirée en partie, grâce à sa propre expérience lors de sa préparation pour le repêchage de la NFL. Même s’il était très productif lors de son passage à Texas Tech, Awe, considéré comme un secondeur de petit gabarit, n’a pas été invité au camp d’évaluation nationale. En revanche, il a participé aux tests physiques avec des dépisteurs lors du Pro Day. Ses résultats au saut vertical ainsi qu’au saut en longueur furent bons, mais une erreur humaine la désavantagé.

« Tout se résumait au sprint de 40 verges », a-t-il déclaré. « J’ai couru mon sprint de 40 verges et évidemment, vous demandez à vos coéquipiers qui courent et à vos entraîneurs, quel est le temps que j’ai obtenu? Parce qu’ils ont tous un chronomètre manuel. Tout le monde a dit 4,4 [secondes] ou un peu en haut de 4.4 ou encore, un peu en bas de 4,5, ce qui est un bon temps pour un type de mon gabarit. »

« J’avais un intérêt pour les Chargers de San Diego, mais ce que j’ai réalisé, c’est qu’il y avait ce site web, nflscoutdraft.com, et ce site est la Mecque des espoirs de la NFL. On dirait un site créé dans les années 90, comme au premier temps de l’internet. Et le site n’a toujours pas changé. »

« Il y avait tous mes résultats de la journée du Pro Day, et il y avait l’intervalle de mon temps du sprint de 40 verges. C’est cette donnée qui m’a poussé à créer l’application. [L’intervalle était de] 4,65 à 4,78 et aller savoir pourquoi, j’ai eu un 4,67. À 216 livres lors de cette journée, j’étais assuré d’être mis de côté. C’est lent pour un petit secondeur. Honnêtement, je ne comprends pas ce qui s’est passé. »

Finalement, Awe n’a pas été repêché en 2016, mais il a signé comme agent libre avec les Buccaneers de Tampa Bay. Quelques jours après avoir joint l’équipe d’entraînement, il a été remercié. Son faux temps au 40 verges est revenu le hanter.

« Le jour où j’ai été coupé, le déclic s’est fait. Ce jour-là, j’étais dans un bureau, il y avait un écran géant à droite qui affichait la charte des positions. Il y avait les secondeurs, avec Lavonte David, le remplaçant, et puis moi. »

« Tout ce qui était écrit, c’était mon nom et 4,67, le temps au 40 verges. Ils n’étaient pas présents lors de mon Pro Day. Tampa Bay n’était pas là, mais ils ont quitté le site web. »

Après avoir été libéré par les Bucs, Awe a patienté et attendu qu’une autre équipe de la NFL l’appelle. Après avoir passé la saison 2016 sur la touche, il a décidé de signer avec les Lions de la Colombie-Britannique. Awe a connu une très bonne saison recrue avec 54 plaqués défensifs et 16 sur les unités spéciales. Les Jets de New York l’ont signé, mais l’ont libéré avant le début du camp d’entraînement.

Le secondeur natif du Nigéria est retourné au Canada et a joué une autre saison avec les Lions avant de signer avec les Argos en 2019 puis avec les Blue Bombers en 2020. Lorsque Winnipeg l’a libéré, Awe a atterri avec le Rouge et Noir d’Ottawa. Une fois agent libre au début du mois de février dernier, Awe a décidé d’attendre qu’une équipe de la NFL l’appelle. Certaines équipes ont manifesté leur intérêt, mais rien ne s’est concrétisé. En mai dernier, il a conclu une entente avec les Lions de la Colombie-Britannique.

Il est important de noter qu’Awe n’est ni amer ni contrarié face à comment les choses se sont déroulées. Il est heureux d’avoir encore l’opportunité de jouer au football dans la LCF. Il est aussi convaincu que s’il était resté dans la NFL, il n’aurait jamais créé PurpleShift.

« Si j’avais atteint le premier tour ou si j’avais été repêché et que quelqu’un m’avait chronométré à 4,41 ou 4,5 ou un temps normal, je n’aurais jamais eu l’idée de créer cette application. Mais après cette épreuve, je voulais faire quelque chose pour m’assurer qu’aucun autre athlète n’allait passer à travers ça. Si tu mérites une chance, tu devrais avoir une chance. C’est ce que je pense. Ce n’est pas comme si tu devais faire l’équipe, tu dois juste avoir l’opportunité que tout le monde mérite. C’est pourquoi je suis reconnaissant envers la LCF qui m’a donné une seconde chance. »

Atterrir avec les Alouettes

Au cours de son troisième passage avec les Lions, Awe a réalisé qu’il n’obtiendrait pas autant de temps de jeux qu’il ne l’avait pensé initialement. Une mauvaise communication entre lui et les Lions aurait mené à cette mésentente. L’équipe avait décidé d’utiliser deux secondeurs canadiens, ce qui est loin d’être avantageux pour un Américain comme Awe.

Après avoir été libéré le 23 juin, Awe s’est retrouvé sans équipe pendant une période de deux semaines, temps qui lui a semblé interminable, jusqu’à ce que Montréal l’appelle. Après avoir libéré le secondeur Tre Watson, Montréal avait besoin de combler un poste et le directeur-gérant Danny Maciocia voulait un vétéran à cette position.

Awe a trouvé sa place dans la défensive du coordonnateur Noel Thorpe. En huit parties, il a enregistré 30 plaqués défensifs et trois sur les unités spéciales en plus de recouvrir un échappé. Entre les semaines 7 et 13, il a effectué au moins 4 plaqués défensifs dans chacune des parties.

« Finalement, je voulais juste jouer. Et c’est ce qui est arrivé. J’ai 28 ans. Je suis jeune et je ne veux que jouer. Je souhaitais que les Lions sachent que j’allais essayer de gagner un poste et ils m’ont dit que ça n’allait pas fonctionner. »

« Ces deux semaines sans travail ont été horribles. La saison avait déjà commencé, j’avais des objectifs et des ambitions et à chaque partie qui se terminait, ces objectifs s’envolaient. »

« Deux semaines plus tard, j’ai finalement reçu un appel de Danny et des Alouettes et j’étais prêt à partir. J’avais déjà pensé aux équipes dans lesquelles je pourrais bien m’intégrer et vous commencez à créer cette vision dans votre esprit. Lorsque Montréal a appelé, je le savais [que j’avais ma place]. Je suis si reconnaissant. C’est pourquoi je reste [au centre d’entraînement] jusqu’à 18h, car je préfère faire ça que d’être à la maison. Je me suis souvient être à la maison espérant pouvoir regarder un film. »