La carrière de Josh Bourke a littéralement commencé au sommet d’une montagne

Combien de joueurs du Temple de la renommée peuvent dire que leur première occasion de jouer au football s’est présentée lors d’un séjour dans une station de ski ? En tout cas, c’est ainsi que commence l’histoire de l’ancien joueur des Alouettes de Montréal, Josh Bourke.

Eh non, ce n’est pas une blague ! Bon, il n’a pas dévalé les pentes de Blue Mountain en équipement de football, mais c’est sur le remonte-pente de cette station de ski ontarienne que le jeune Josh et sa mère ont rencontré pour la première fois un entraîneur de football de l’école préparatoire Orchard Lake Saint Mary’s à West Bloomfield Township, Michigan.

« Il me restait encore une année d’école primaire », raconte M. Bourke. « Il nous a conseillé de jeter un coup d’œil à cette école secondaire. De retour à la maison, on a pris un rendez-vous, on a visité l’école, j’ai passé un examen d’entrée, j’ai eu de la chance, j’ai réussi l’examen, et l’on connait la suite…»

C’est à partir de là que les choses ont commencé à décoller (très lentement).

« Je n’ai pas joué au football avant ma première année de secondaire », a ajouté le détenteur de deux Coupes Grey. « À l’université, je n’ai commencé qu’après ma quatrième année. J’ai joué pour la première fois avec des étudiants de première année, alors que j’étais en troisième année. Je jouais aussi au centre et je ne savais même pas comment remettre le ballon au quart-arrière.»

Bourke s’est avéré suffisamment doué pour être admis à l’université de Grand Valley State à Allendale (Michigan). Il reçoit d’abord une demi-bourse, qui devient une bourse complète dès sa troisième année.

Les résultats sont si bons avec les Lakers qu’il finit par signer avec les Green Bay Packers en tant qu’agent libre. Même si sa priorité était de rester dans la NFL, il savait que les Alouettes l’avaient repêché au troisième tour du repêchage 2004 de la CFL.

« Je n’ai jamais eu de discussion avec (l’ancien directeur général) Jim Popp », a confié celui qui a été deux fois le joueur par excellence de la LCF, « Je savais que j’étais admissible au repêchage. Bien sûr, j’ai tout suivi. J’allais en classe et je savais que le repêchage avait lieu ce jour-là, mais je ne savais pas que j’allais être repêché. Je pensais que je serais peut-être repêché au deuxième tour ou peut-être même pas. En revenant de mon cours, je me suis dit : OK, quelqu’un m’aime un peu. Peut-être que j’ai du talent, et peut-être que je peux faire ça si ça ne fonctionne pas avec la NFL. Ça fait plaisir de savoir qu’une autre équipe te considère comme un élément de son avenir » .

Après avoir été coupé par les Packers en 2007, Bourke a signé avec les Alouettes en août. En raison d’une déchirure du ligament croisé antérieur du genou, il n’a pu disputer que huit matchs avec Montréal cette année-là. À la suite d’une rééducation pendant la saison morte, il est revenu en 2008 et s’est rapidement imposé comme un bloqueur à gauche dominant chez les Alouettes.

Marc Trestman est devenu l’entraîneur-chef de l’équipe avant la saison 2008 et, sous sa direction, l’équipe s’est rendue trois fois de suite à la Coupe Grey. L’équipe s’est inclinée face à Calgary à Montréal lors de la première année de Trestman, mais elle a ensuite battu les Roughriders de la Saskatchewan en 2009 et en 2010.

Il est impossible de remporter deux championnats consécutifs sans avoir de la profondeur dans l’équipe, et les Alouettes en avaient. Ils avaient Anthony Calvillo au poste de quart-arrière, Avon Cobourne au poste de demi offensif et des receveurs de qualité comme Ben Cahoon, Jamel Richardson, Kerry Watkins, S.J. Green et Brian Bratton, parmi tant d’autres. Mais le jeu de la ligne offensive a été crucial pour le succès de cette équipe.

Le groupe comprenait Bourke, Paul Lambert, Scott Flory, Bryan Chiu, Jeff Perrett, Luc Brodeur-Jourdain et bien d’autres au cours de ces trois années. Quelle que soit la qualité de la ligne offensive, elle semble toujours être la composante oubliée des équipes championnes.

« Je regarde beaucoup de football et je dis toujours aux gens de prendre quelques minutes pour regarder le jeu », a expliqué Bourke. « Je sais que les touchés sont marqués par les receveurs et les demi offensifs, et que les quarts arrière font leur travail, mais prenez quelques minutes pour regarder la ligne offensive. Si vous avez quelqu’un qui ne connaît pas grand-chose au football, commencez par là. Le reste du match prendra tout son sens en fonction de ce qu’ils font. »

« La ligne offensive est un élément crucial de l’équipe, tout comme la ligne défensive. Trestman le disait tout le temps : On veut attaquer le quart-arrière et on veut le protéger. Si vous avez deux lignes fortes, surtout une ligne offensive, elles peuvent compenser le manque de talent. Bien entendu, le talent de nos receveurs, de nos porteurs de ballon et de notre quart-arrière était énorme, mais la qualité de notre ligne offensive était aussi impressionnante. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles nous avons connu autant de succès au fil des ans. »

L’homme de 40 ans a passé neuf de ses dix saisons dans la LCF avec les Alouettes. Au cours de ces neuf années, il a participé à trois championnats de la Coupe Grey, il en a gagné deux, il a été nommé meilleur joueur de ligne offensive de la division Est à deux reprises et il a été nommé le joueur de ligne offensive par excellence de la LCF une fois (2011). Il a également été sélectionné parmi les joueurs étoiles de la division Est chaque année entre 2008 et 2014. Son CV en dit long.

Pour ceux d’entre nous qui ont suivi les Alouettes de près au fil des ans, la nouvelle que Bourke ferait partie de la classe 2023 du Temple de la renommée du football canadien n’a rien d’étonnant. Il a joué à un niveau supérieur pendant une décennie et a dominé au poste de plaqueur une position qui n’est généralement pas occupée par un Canadien.

« Pour être honnête avec toi, j’avais du mal à y croire au début »,  a confié Bourke à propos de son intronisation au Temple de la renommée.  « J’ai toujours espéré qu’un jour j’aurais l’honneur d’être intronisé au Temple de la renommée de la LCF, mais je ne pensais pas que cela arriverait si tôt. Je pensais que je serais admis un jour, mais de me faire surprendre par Joey (Alfieri) et Pierre (Vercheval) fut une expérience formidable. Au cours de ma carrière professionnelle, je me suis lentement éloigné du football, ce qui était toujours prévu. Ce soir-là, je me suis assis et j’ai réfléchi. J’ai pensé à tous les beaux souvenirs, à tous les joueurs talentueux que j’ai eu la chance de côtoyer, à tous les entraîneurs pour lesquels j’ai joué et à la belle ville de Montréal. J’ai fait une introspection, car cela faisait longtemps. Et c’est là que j’ai compris. Je suis sur le point d’entrer dans une association d’athlètes extraordinaires qui ont joué à un niveau exceptionnel, et je me rends compte de la chance que j’ai. »

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