Émilie Pfeiffer-Badoux a soif d’apprendre au camp d’entraînement des Alouettes
MONTRÉAL – En 2022, quelque 15 ans après avoir délaissé le coaching afin de se consacrer à son emploi de policière au sein du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Émilie Pfeiffer-Badoux s’est vu présenter une occasion qu’elle ne pouvait pas laisser filer.
« L’année 2007 coïncidait avec le début de ma carrière comme policière; c’était plus difficile de trouver du temps pour le coaching », explique la Montréalaise, qui souligne avoir néanmoins pleinement poursuivi la pratique du flag-football au cours de cette période.
« Il y a deux ans, l’Université Concordia m’a proposé de me joindre à son groupe d’entraîneurs, et ça m’intéressait vraiment. J’ai mis ma carrière de patrouilleuse en veille à ce moment-là – j’ai pris un congé sans solde de trois mois –, mais aujourd’hui j’apprends à combiner les deux. »
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Pfeiffer-Badoux occupe ainsi depuis deux ans le poste d’entraîneuse adjointe au sein des unités spéciales des Stingers. Elle est notamment responsable des joueurs de l’équipe d’entraînement lors des séances d’entraînement, mais elle effectue aussi des analyses et épaule Guillaume G. Bourassa, le coordonnateur des unités spéciales des Stingers, dans l’élaboration des plans de match du club. En 2023, elle a même été nommée l’entraîneuse adjointe de l’année du Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ).
Diplômée en techniques policières du Collège de Maisonneuve – où son passage en tant que joueuse de flag-football a été immortalisé par une intronisation au Temple de la renommée des Vikings en 2007 –, Pfeiffer-Badoux reconnaît qu’il y a certains liens à tracer entre son emploi de policière et sa passion pour le sport et pour le coaching.
« D’abord, il y a le travail d’équipe, que l’on pratique le sport ou que l’on entraîne des joueurs », a concédé la double championne du monde et la septuple championne canadienne en tant que joueuse de flag-football. « Entre les entraîneurs, le travail d’équipe et l’esprit d’équipe sont très importants, et c’est aussi le cas entre policiers lors de patrouilles. Dans les deux domaines, nous sommes confrontés à des conflits et à des situations difficiles. Dans les deux cas, il faut donc apprendre à continuer d’avancer malgré l’adversité. »
Le mois prochain, Pfeiffer-Badoux sera l’une des neuf participantes de la troisième édition de l’annuel programme Femmes au football, présenté par KPMG, les Alouettes de Montréal ayant retenu sa candidature et comptant tirer profit de ses compétences et de son expérience comme entraîneuse.
Après deux années avec les Stingers, elle juge être aujourd’hui mieux outillée pour apprécier ce qui se déroule au prochain niveau. Elle est emballée d’apprendre en œuvrant pour une équipe de football professionnelle, et de développer ses compétences comme entraîneuse.
« Grâce au programme, j’aurai l’occasion d’élargir mes connaissances et de voir comment on fait les choses dans une autre équipe et, plus particulièrement, dans un club professionnel », avait-t-elle partagé lors du dépôt de sa candidature en février. « Je pense que cette expérience me permettra de passer au prochain niveau et fera de moi une meilleure entraîneuse. J’ai aussi de l’intérêt pour les autres aspects d’une équipe de football, comme les opérations football et les opérations commerciales. »
Pfeiffer-Badoux se dit très heureuse d’avoir l’occasion d’apprendre en se joignant à une équipe de la Ligue canadienne de football (LCF) pour une période de quatre semaines. Cependant, elle évite de dire qu’elle est chanceuse, et on la comprend : après des années à travailler d’arrache-pied à faire ses preuves comme entraîneuse, aux niveaux communautaire, secondaire et, plus récemment, universitaire, elle mérite amplement l’opportunité qui se présente à elle aujourd’hui.
Bien qu’elle ne sache pas encore de manière précise les tâches qui lui seront confiées lors de son séjour à Saint-Jérôme – où les Alouettes tiendront leur camp d’entraînement en amont, au moins, des trois prochaines saisons (2024, 2025, 2026) –, Pfeiffer-Badoux est impatiente de se mettre au travail.
« J’ai échangé des courriels avec Allyson Sobol [la gestionnaire des opérations football des Alouettes], et j’ai déjà rencontré Jason [Maas, l’entraîneur-chef de l’équipe] et Danny [Maciocia, le directeur général de la formation montréalaise]. Ce que je ferai exactement n’est pas encore déterminé, mais ce sera lié au coaching : ça, c’était non négociable », a confié Pfeiffer-Badoux en riant. « On verra, ça ne m’inquiète pas trop; il y a plein de facteurs qui vont influencer mon emploi du temps. »
Avec le programme Femmes au football, la LCF et KPMG souhaitent prendre des mesures pour créer un avenir plus positif et plus inclusif pour le football. Au cours des prochaines semaines, les participantes du programme auront une opportunité unique d’acquérir des connaissances et une expérience de travail pratique dans le milieu du football professionnel. L’initiative de la LCF et de KPMG est ainsi des plus importantes aux yeux de Pfeiffer-Badoux.
« Le fait que le football soit aussi accessible aux filles et aux femmes commence à peine à se normaliser », souligne-t-elle. « Les filles et les femmes peuvent jouer ou coacher au football; ce n’est plus juste un sport destiné aux hommes. Mais tout ça, c’est relativement nouveau; il n’y a pas encore énormément de femmes qui occupent des rôles d’entraîneuses dans les organisations. Un programme comme Femmes au football permet d’ouvrir des portes, et il donne la chance à des femmes d’accéder à des niveaux supérieurs. »