27 juillet 2017

Nik Lewis – Une leçon de leadership

La vérité, c’est que le titre de cet article devait être Nik Lewis : leader né. Mais une phrase du principal intéressé a changé les plans : « Je crois qu’on se découvre des qualités de leader au fil du temps. » Bon, O.K. Si Nik n’est pas né leader, il a certainement appris à jouer le rôle à la perfection.

Autant sur le terrain qu’ailleurs, le demi inséré vétéran a prouvé, maintes et maintes fois, qu’il est fiable comme personne. Du haut de ses 35 ans, Nik a entamé sa 14e saison de football professionnel avec la vigueur et la combativité qu’on lui connaît.

Il y a deux semaines, il a délogé Ben Cahoon du 6e rang du classement de la LCF pour les verges sur réception. Puis, mercredi dernier, il est devenu le quatrième joueur de l’histoire de la ligue à capter une 1 000e passe en carrière et s’il continue d’avancer au même rythme, son nom figurera sans doute au sommet de la liste avant la fin de la saison.

On n’a pas pu s’empêcher de lui donner un surnom : le roi des réceptions. Évidemment, Nik est conscient de la chance qu’il a d’être en mesure de continuer à réaliser autant d’exploits, mais il préfère parler de standards que de réussites.

« C’est toujours bien de réaliser de bonnes performances et d’être constant, affirme Nik. C’est inspirant pour moi de penser à la carrière de Ben et à ses jeux, et de voir comment il s’est rendu aussi loin. Mais, après tout, chaque réussite est un standard. J’ai toujours dit que je faisais simplement fixer de nouveaux standards pour que de jeunes joueurs les atteignent à leur tour, tout comme Milt Stegall, Geroy Simon, Terry Vaughn, Ben Cahoon et d’autres grands receveurs l’ont fait pour moi. »

Le succès de Nik repose sur plusieurs facteurs, le premier étant – hormis son talent indéniable – son humilité. Lorsqu’il s’est joint à l’alignement des Stampeders de Calgary, le jeune Nik n’avait que 21 ans. Naturellement, à ce moment-là de sa vie, ce qui le préoccupait le plus c’était de faire valoir ses aptitudes sportives phénoménales. Malgré cela, il a su être assez modeste pour s’inspirer des figures influentes autour de lui – le vétéran (et ex-Alouette) Jeremaine Copeland l’a notamment pris sous son aile.

« D’être à ses côtés tous les jours dans le vestiaire pendant cinq ans m’a fait grandir, explique Nik. Jeremaine c’est le gars qui m’a permis de devenir un meilleur athlète. Je suis devenu une meilleure personne, un meilleur joueur de football et un meilleur coéquipier et c’est à 99% grâce à Jeremaine. »

Depuis, les rôles ont quelque peu changé. Comme Nik s’est empressé de donner le crédit à Copeland, Ken-Yon Rambo et Romby Bryant pour son éducation footballistique, l’organisation des Alouettes n’a pas hésité à louanger les qualités de leader de son demi inséré. Quand on lui a demandé pourquoi Lewis était un élément aussi important du vestiaire des Alouettes, Kavis Reed a fourni une réponse plutôt convaincante.

« Nik est encore très productif, affirme Reed. Il a connu une de ses meilleures saisons en 2016 et on continue de voir de la productivité de sa part. En plus, tout ce qu’il accomplit à l’extérieur du terrain ainsi que le leadership dont il fait preuve sont extraordinaires. Ça, ça n’a pas de prix. »

En effet, le demi inséré semble avoir pleinement adopté le concept Donner au suivant. Nik possède les qualités d’un véritable gémeau selon son compatriote receveur (et compatriote gémeau), B. J. Cunningham. C’est-à-dire qu’il est, entre autres, bon communicateur.

« On a Justin, on a Jacques et on a Nik, dit Cunningham. Il aide tout le monde à s’aligner. Nik est comme un ordinateur. Il enregistre tout très rapidement. Je m’assure toujours de m’assoir à côté de lui pendant les réunions pour qu’on puisse réviser ensemble ce que les entraîneurs nous montrent. On est toujours ensemble, sur le terrain comme en dehors. Il est comme un grand frère pour moi et je ne cesse jamais d’apprendre avec lui. »

Lorsque le double champion de la Coupe Grey est entré au service des Alouettes, il a rapidement saisi l’impact qu’il pouvait avoir sur l’équipe.

« Je ne sais pas si c’est parce que les attentes n’étaient pas les mêmes ou si c’est parce que la composition du vestiaire était un peu différente, dit-il, songeur. Ce qui est certain, c’est que pour devenir un leader tu dois travailler très fort, tout donner. Il faut que ta mentalité soit exemplaire pour que les gens autour de toi se disent ‘Tu sais quoi ? Je suis prêt à le suivre, lui’. »

D’après le directeur général Kavis Reed, le vétéran de 5 pieds 10 pouces possède justement ça : la bonne mentalité.

« Il fait partie de la ligue depuis plus d’une décennie, mais il est encore capable de s’identifier aux  recrues et de communiquer efficacement avec elles, assure Reed. Il sait quoi faire pour obtenir le meilleur des gars sans jamais se vanter d’être un futur membre du Temple de la renommée. C’est la preuve qu’il est un leader humble et c’est justement de l’humilité que ça prend pour parvenir à transmettre un message à de jeunes joueurs. Avec eux, ce qui compte, ce n’est pas tes expériences passées ou tes exploits, c’est le lien que tu établis. Et ça, Nik l’a bien compris. »

Alors, comment Nik définit-il un bon leader ?

« Les vrais leaders sont préparés, dit-il. Quand tu penses à l’histoire – à la guerre, aux armées – tu constates que les leaders étaient, d’abord et avant tout, préparés. »

Quelques mots qui en disent long sur le joueur qu’est devenu Nik. Si vous l’avez vu en action, vous savez combien notre receveur peut être coloré et créatif sur le terrain (ses bonds au-dessus des demis défensifs et des secondeurs font de particulièrement belles photos).

Lorsqu’un joueur mise sur sa préparation, il est mieux placé ensuite pour se déchaîner sur le champ de bataille. D’ailleurs, notre  quart-arrière, Darian Durant, admire grandement la fureur de son collègue.

« C’est incroyable d’être sur la même ligne que Nik, confie Durant. C’est le joueur sur qui je peux toujours compter, peu importe la situation. Dans le vestiaire, son énergie est contagieuse et, sur le terrain, il joue comme une vraie bête. Il n’y a pas une seule défensive que Nik ne sait pas lire, pas un seul concept qu’il n’est pas en mesure d’intégrer. »

Il est talentueux, charismatique, humble ET brillant. C’est le coéquipier que tout le monde souhaite avoir et, le meilleur dans tout ça, c’est que son évolution se poursuit. Après être devenu père il y a un peu plus de deux ans, Nik s’est rendu compte que chaque jour passé sans sa fille devait en avoir valu le coup.

« Je ne veux pas gaspiller les jours où je suis loin d’elle, dit-il. Si je vais sacrifier du temps passé à ses côtés, il faut que ce soit pour réaliser de grandes choses. »

On ose croire que jouer pour les Alouettes de Montréal fait partie de ces grandes choses.

En quittant Calgary, Nik souhaitait repartir à neuf. D’ailleurs, il avait le choix de conserver le numéro 82 ou d’opter pour la nouveauté. Aujourd’hui, il porte fièrement le numéro 8.

« Dans la vie, il arrive qu’on soit mûr pour un changement, admet-il. Tu deviens trop confortable, alors tu es forcé de faire un changement et de grandir. Je crois sincèrement que de venir à Montréal m’a permis d’évoluer à plusieurs points de vue. »

Nik, si tu continues de grandir au même rythme que l’amour qu’éprouvent les partisans (ou amis comme tu préfères les appeler) de Montréal pour toi, tu atteindras, sans aucun doute, des sommets inégalés.